1,00000 EUR = 140,77800 DZD Taux de change moyen du marchĂ© Ă 0800 UTC Nous ne pouvons pas envoyer d'argent entre ces devises Nous y travaillons. Inscrivez-vous pour ĂȘtre averti et nous vous informerons dĂšs que possible. Devises principales Euro Livre Sterling Dollar AmĂ©ricain Roupie Indienne Dollar Canadien Dollar Australien Franc Suisse Peso Mexicain Euro 1 0,84425 0,99330 79,32250 1,29308 1,44302 0,95865 19,94440 Livre Sterling 1,18448 1 1,17660 93,96030 1,53170 1,70930 1,13550 23,62480 Dollar AmĂ©ricain 1,00670 0,84991 1 79,85750 1,30180 1,45275 0,96510 20,07890 Roupie Indienne 0,01261 0,01064 0,01252 1 0,01630 0,01819 0,01209 0,25143 MĂ©fiez-vous des mauvais taux de change. Les banques et les prestataires traditionnels ont souvent des coĂ»ts supplĂ©mentaires qu'ils cachent dans le taux qui vous est proposĂ©. Notre technologie intelligente signifie que nous sommes plus efficaces et que vous obtenez un taux excellent. Ă chaque fois. Comment convertir des Euro vers des Dinar algĂ©rien 1 Saisissez votre montant Saisissez simplement le montant que vous voulez convertir dans la case. 2 Choisissez vos devises Cliquez sur la liste dĂ©roulante pour sĂ©lectionner EUR dans la premiĂšre case en tant que devise que vous voulez convertir, et DZD dans la seconde liste dĂ©roulante en tant que devise Ă obtenir aprĂšs conversion. 3 Câest tout Notre convertisseur de devise vous montrera le taux actuel EUR vers DZD, et son Ă©volution au cours du dernier jour, de la derniĂšre semaine ou du dernier mois. Conversions Euro / Dinar algĂ©rien 1 EUR 140,77800 DZD 5 EUR 703,89000 DZD 10 EUR 1407,78000 DZD 20 EUR 2815,56000 DZD 50 EUR 7038,90000 DZD 100 EUR 14077,80000 DZD 250 EUR 35194,50000 DZD 500 EUR 70389,00000 DZD 1000 EUR 140778,00000 DZD 2000 EUR 281556,00000 DZD 5000 EUR 703890,00000 DZD 10000 EUR 1407780,00000 DZD Conversions Dinar algĂ©rien / Euro 1 DZD 0,00710 EUR 5 DZD 0,03552 EUR 10 DZD 0,07103 EUR 20 DZD 0,14207 EUR 50 DZD 0,35517 EUR 100 DZD 0,71034 EUR 250 DZD 1,77584 EUR 500 DZD 3,55168 EUR 1000 DZD 7,10336 EUR 2000 DZD 14,20672 EUR 5000 DZD 35,51680 EUR 10000 DZD 71,03360 EUR
Prixd'euro en algerie marché noir aujourd'hui 22 Juillet 2022 /Taux de change Cours dollars devises24 Avril Prix d'euro en algerie marché noir aujourd'hui 0
Voici les cours des devises Ă©trangĂšres contre le dirham Ă©tablis par Bank Al-Maghrib pour la journĂ©e du vendredi 15 juillet 2022Devise Achat â Vente1 EURO 9,6478 â 11,21221 DOLLAR 9,6189 â 11,17871 DOLLAR CANADIEN 7,3377 â 8,52751 LIVRE STERLING 11,386 â 13,2321 LIVRE GIBRALTAR 11,364 â 13,2061 FRANC SUISSE 9,805 â 11,395100 COURONNES DANOISES 129,65 â 150,67100 COURONNES SUEDOISES 91,123 â 105,9100 COURONNES NORVEGIENNES 94,008 â 109,251 RIYAL SAOUDIEN 2,5622 â 2,97781 DINAR KOWEITIEN 31,22 â 36,2821 DIRHAM 2,6188 â 3,04341 RIYAL QATARI 2,6181 â 3,04271 DINAR BAHREINI 25,514 â 29,652100 YENS JAPONAIS 6,9331 â 8,05731 RIYAL OMANI 24,984 â 29,036 AlgĂ©rie cours du dollar et de l'euro au marchĂ© noir, jeudi 18 aoĂ»t 2022 - Al-Ain Français: Le cours de l'euro a reculĂ© aujourd'hui en AlgĂ©rie lors des Alger, janvier 2008. Pour trouver la maison oĂč habite CĂ©cile Serra, il vaut mieux ne pas se fier aux numĂ©ros dĂ©sordonnĂ©s de la rue. En revanche, demandez Ă nâimporte quel voisin Mme Serra ? Câest facile, câest la maison avec les orangers et la vieille voiture ! » CĂ©cile Serra reçoit chaque visiteur avec une hospitalitĂ© enjouĂ©e. Dans son jardin magnifiquement entretenu par M. Mesaour, son voisin, trĂŽne la carcasse rouillĂ©e dâune Simca Aronde modĂšle 1961. Ah ! On en a fait des balades dans cette voiture avec mon mari ! Tous les week-ends, on partait Ă la pĂȘche avec un groupe dâamis ; il y avait M. GabriĂšre et M. Cripo, avec leur femme. Jusquâen 1981. Puis mon mari a commencĂ© Ă ĂȘtre fatiguĂ©. Mais du bon temps, on en a eu ! » A Ă©couter les rĂ©cits de cette dĂ©licieuse dame de 90 ans Ă lâesprit vif et plein dâhumour, on aurait presque lâimpression que la rĂ©volution » de 1962 nâa guĂšre changĂ© le cours de son existence de modeste couturiĂšre du quartier du Golf, Ă Alger. Et pourquoi voulez-vous que ça ait changĂ© quelque chose ? vous apostrophe-t-elle avec brusquerie. JâĂ©tais bien avec tout le monde. Les AlgĂ©riens, si vous les respectez, ils vous respectent. Moi, jâai jamais tutoyĂ© mon marchand de lĂ©gumes. Et aujourdâhui encore, je ne le tutoie pas. » La grand-mĂšre maternelle de CĂ©cile Serra est nĂ©e Ă Cherchell, en 1858. Son pĂšre, tailleur de pierre, a dĂ©mĂ©nagĂ© Ă Alger dans les annĂ©es 1920. Il a fait construire cette petite maison en 1929 et, depuis, je nâen suis jamais partie. » Comment se fait-il quâelle nâait pas quittĂ© lâAlgĂ©rie en 1962 ? Mais pourquoi serais-je partie ? Ici, câest notre pays. Tout est beau. Il y a le soleil, la mer, les gens. Pas une seconde je nâai regrettĂ© dâĂȘtre restĂ©e. » Son mari, ValĂšre Serra, Ă©tait tourneur dans une entreprise pied-noire 1. Pendant la guerre, il se dĂ©plaçait souvent pour vendre des produits. Il disait Ă nos voisins [arabes] âJe vous laisse ma femme et mon fils !â Et il ne nous est jamais rien arrivĂ©. Sauf quand y a eu lâOAS [Organisation armĂ©e secrĂšte] 2. La vĂ©ritĂ©, câest que câest eux qui ont mis la pagaille ! Mais âLa valise ou le cercueilâ, câest pas vrai. Ma belle-sĆur, par exemple, elle est partie parce quâelle avait peur. Mais je peux vous affirmer que personne ne lâa jamais menacĂ©e. » En 1962, les ateliers oĂč travaillait ValĂšre ont Ă©tĂ© liquidĂ©s, et il a pris sa retraite. CĂ©cile a continuĂ© sa couture. En 1964, avec lâAronde, on est partis faire un tour en France. Pour voir, au cas oĂč... A chaque fois quâon rencontrait des pieds-noirs, quâest-ce quâon nâentendait pas ! âComment ! Vous ĂȘtes toujours lĂ -bas ! Vous allez vivre avec ces gens-lĂ !â Alors on sâest dĂ©pĂȘchĂ©s de rentrer chez nous. » CĂ©cile Serra fait partie des deux cent mille pieds-noirs qui nâont pas quittĂ© lâAlgĂ©rie en 1962 3. Etonnant ? Non, tout Ă fait logique. Comme le souligne Benjamin Stora, un des meilleurs historiens de lâAlgĂ©rie, depuis quâils sont rentrĂ©s en France, les rapatriĂ©s ont toujours cherchĂ© Ă faire croire que la seule raison de leur dĂ©part Ă©tait le risque quâils couraient pour leur vie et celle de leurs enfants. Et quâils avaient donc nĂ©cessairement tous Ă©tĂ© obligĂ©s de partir. Or cela ne correspond que trĂšs partiellement Ă la rĂ©alitĂ© 4 ». Jean-Bernard Vialin avait 12 ans en 1962. Originaire de Ouled Fayet, petite commune proche dâAlger, son pĂšre Ă©tait technicien dans une entreprise de traitement de mĂ©taux et sa mĂšre institutrice. Ancien pilote de ligne Ă Air AlgĂ©rie, il nous reçoit sur son bateau, amarrĂ© dans le ravissant port de Sidi Fredj ex-Sidi-Ferruch, Ă lâouest dâAlger. Mes parents appartenaient Ă ceux quâon appelait les libĂ©raux. Ni engagĂ©s dans le FLN [Front de libĂ©ration nationale] ni du cĂŽtĂ© des partisans jusquâau-boutistes de lâAlgĂ©rie française. Juste des gens, malheureusement trĂšs minoritaires, qui refusaient dâaccepter le statut rĂ©servĂ© aux âmusulmansâ et les injustices incroyables qui en rĂ©sultaient. On sâimagine mal aujourdâhui Ă quel point le racisme rĂ©gnait en AlgĂ©rie. A Ouled Fayet, tous les EuropĂ©ens habitaient les maisons en dur du centre-ville, et les âmusulmansâ pataugeaient dans des gourbis, en pĂ©riphĂ©rie. » Des habitations prĂ©caires faites de murs en roseau plantĂ©s dans le sol et tenus entre eux par des bouts de ficelle, sur lesquels reposaient quelques tĂŽles ondulĂ©es en guise de toiture. Ce nâĂ©tait pas lâAfrique du Sud, mais presque. » En janvier 1962, une image sâest gravĂ©e dans les yeux du jeune garçon. CâĂ©tait Ă El-Biar [un quartier des hauteurs dâAlger]. Deux Français buvaient lâanisette Ă une terrasse de cafĂ©. Un AlgĂ©rien passe. Lâun des deux se lĂšve, sort un pistolet, abat le malheureux, et revient finir son verre avec son copain, tandis que lâhomme se vide de son sang dans le caniveau. AprĂšs ça, que ces mecs aient eu peur de rester aprĂšs lâindĂ©pendance, je veux bien le croire... » Pour ses parents, en revanche, il nâa pas Ă©tĂ© question une seconde de partir. CâĂ©tait la continuitĂ©. Ils avaient toujours dĂ©sirĂ© une vraie Ă©galitĂ© entre tout le monde, ils Ă©taient contents de pouvoir la vivre ». En septembre 1962, ses deux mille EuropĂ©ens ont dĂ©sertĂ© Ouled Fayet, sauf les Vialin. Les petites maisons coloniales se sont retrouvĂ©es rapidement occupĂ©es par les AlgĂ©riens des gourbis alentour â ce qui est tout Ă fait naturel », prĂ©cise lâancien pilote. Sa mĂšre rouvre seule lâĂ©cole du village. DĂšs 1965, la famille acquiert la nationalitĂ© algĂ©rienne. Et finalement, je me sens algĂ©rien avant tout. A Air AlgĂ©rie, ma carriĂšre sâest dĂ©roulĂ©e dans des conditions parfaitement normales ; on mâa toujours admis comme Ă©tant dâune autre origine, mais sans faire pour autant la moindre diffĂ©rence. » AndrĂ© Bouhana, lui non plus, nâa jamais craint de demeurer lĂ . Jâai grandi Ă Ville Nouvelle, un des quartiers musulmans dâOran. Je parlais lâespagnol, comme mes parents, mais aussi lâarabe dialectal, puisque tous mes copains Ă©taient arabes. Ce nâest pas comme les EuropĂ©ens qui habitaient le centre-ville. Donc, au moment de lâindĂ©pendance, pourquoi jâaurais eu peur ? » Aujourdâhui, Ă 70 ans, Bouhana habite dans une misĂ©rable maison Ă Cap Caxine, Ă lâouest dâAlger. EntourĂ© de nombreux chiens et chats, il survit grĂące aux 200 euros de lâallocation-vieillesse que dispense le consulat français Ă une quarantaine de vieux pieds-noirs sans ressources. Mais, surtout, jâai des amis algĂ©riens, des anciens voisins, qui vivent en France, et qui mâenvoient un peu dâargent. » Et sa famille rapatriĂ©e ? Vous rigolez ! Pas un euro ! Ils ne me parlent plus. Ils ne mâont jamais pardonnĂ© de ne pas avoir quittĂ© lâAlgĂ©rie. » Et puis, il y a FĂ©lix Colozzi, 77 ans, communiste, engagĂ© dans le maquis aux cĂŽtĂ©s du FLN, prisonnier six ans dans les geĂŽles françaises dont la terrible prison de LambĂšse, prĂšs de Batna, devenu ingĂ©nieur Ă©conomiste dans des entreprises dâEtat. Et AndrĂ© Lopez, 78 ans, le dernier pied-noir de Sig anciennement Saint-Denis-du-Sig, Ă cinquante kilomĂštres dâOran, qui a repris lâentreprise dâolives créée par son grand-pĂšre, et qui y produit Ă prĂ©sent des champignons en conserve. Et le pĂšre Denis Gonzalez, 76 ans, Ă lâintelligence toujours trĂšs vive, vrai pied-noir depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations », qui, dans le sillage de Mgr Duval, le cĂ©lĂšbre Ă©vĂȘque dâAlger honni par lâOAS, a choisi de rester au service du peuple algĂ©rien ». Et mĂȘme Prosper Chetrit, 78 ans, le dernier juif dâOran depuis la mort de sa mĂšre, qui rappelle que trois mille juifs sont demeurĂ©s Ă Oran aprĂšs 1962 », et que, pour eux, la situation nâa commencĂ© Ă se dĂ©tĂ©riorer quâĂ partir de 1971, quand les autoritĂ©s ont confisquĂ© la synagogue pour la transformer en mosquĂ©e, et que le dernier rabbin est parti. Mais moi, prĂ©cise-t-il, tout le monde sait que je suis juif, et tout le monde mâestime ». On a eu ce quâon voulait, maintenant on oublie le passĂ© et on ne sâoccupe que de lâavenir » Il Ă©tait donc possible dâĂȘtre français et de continuer Ă vivre dans lâAlgĂ©rie indĂ©pendante ? Bien sĂ»r ! », sâexclame Germaine Ripoll, 82 ans, qui tient toujours avec son fils le petit restaurant que ses parents ont ouvert en 1932, Ă Arzew, prĂšs dâOran. Et je vais mĂȘme vous dire une chose pour nous, la situation nâa guĂšre bougĂ©. Le seul vrai changement, câest quand on a dĂ» fermer lâentrepĂŽt de vin, en 1966, lorsque la vente dâalcool est devenue interdite. Mais ça ne mâa jamais empĂȘchĂ©e de servir du vin Ă mes clients. » Au fur et Ă mesure de ces entretiens avec des pieds-noirs, ou AlgĂ©riens dâorigine europĂ©enne », comme certains prĂ©fĂšrent se nommer, une nouvelle image apparaĂźt, iconoclaste par rapport Ă celle qui est vĂ©hiculĂ©e en France. LâinquiĂ©tude des EuropĂ©ens Ă©tait-elle toujours justifiĂ©e ? La question demeure difficile Ă trancher, sauf dans le cas des harkis 5. Certes, les dĂ©clarations de certains leaders nationalistes ont pu paraĂźtre inquiĂ©tantes. En premier lieu, la proclamation du 1er novembre 1954, qui affirme la volontĂ© du FLN dâĂ©riger une AlgĂ©rie dĂ©mocratique dans le cadre des principes islamiques ». Toutefois, la plupart des pieds-noirs de France semblent avoir complĂštement oubliĂ© que durant cette guerre, la direction du FLN a pris soin, Ă plusieurs reprises, de sâadresser Ă eux afin de les rassurer. Moi, je les lisais avec dĂ©lectation », se souvient trĂšs bien Jean-Paul Grangaud, petit-fils dâinstituteurs protestants arrivĂ©s en Kabylie au XIXe siĂšcle et qui est devenu, aprĂšs lâindĂ©pendance, professeur de pĂ©diatrie Ă lâhĂŽpital Mustapha dâAlger, puis conseiller du ministre de la santĂ©. Dans le plus cĂ©lĂšbre de ces appels, lancĂ© de Tunis, siĂšge du gouvernement provisoire, le 17 fĂ©vrier 1960 aux EuropĂ©ens dâAlgĂ©rie », on peut lire LâAlgĂ©rie est le patrimoine de tous .... Si les patriotes algĂ©riens se refusent Ă ĂȘtre des hommes de seconde catĂ©gorie, sâils se refusent Ă reconnaĂźtre en vous des supercitoyens, par contre, ils sont prĂȘts Ă vous considĂ©rer comme dâauthentiques AlgĂ©riens. LâAlgĂ©rie aux AlgĂ©riens, Ă tous les AlgĂ©riens, quelle que soit leur origine. Cette formule nâest pas une fiction. Elle traduit une rĂ©alitĂ© vivante, basĂ©e sur une vie commune. » La seule dĂ©ception quâont pu ressentir ceux qui ne sont pas partis est liĂ©e Ă lâobtention de la nationalitĂ© algĂ©rienne, puisquâils furent obligĂ©s de la demander, alors quâelle devenait automatique pour les AlgĂ©riens musulmans. Mais câĂ©tait en 1963, donc bien aprĂšs le grand dĂ©part des pieds-noirs. En ce qui concerne leurs biens, les EuropĂ©ens qui sont restĂ©s nâont que rarement Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©s. Personne ne sâest jamais avisĂ© de venir nous dĂ©loger de notre villa ! », sâexclame Guy Bonifacio, oranais depuis trois gĂ©nĂ©rations, Ă lâunisson de toutes les personnes rencontrĂ©es. Quant au dĂ©cret de nationalisation des terres, promulguĂ© en 1963 par le nouvel Etat socialiste, il nâa concernĂ© que les trĂšs gros domaines, les petites parcelles laissĂ©es vacantes, et Ă©ventuellement les terres des Français qui, bien que demeurĂ©s sur place, ont refusĂ© de prendre la nationalitĂ© algĂ©rienne. Vieille Oranaise pourtant toujours trĂšs remontĂ©e contre les AlgĂ©riens, Jeanine Degand est formelle Jâai un oncle qui possĂ©dait une trentaine dâhectares du cĂŽtĂ© de BoutlĂ©lis. En 1963, les AlgĂ©riens lui ont dit âOu tu te fais algĂ©rien, et tu gardes ta ferme ; ou tu refuses, et on te la prend.â Il avait sa fiertĂ©, il a refusĂ©, et on la lui a prise. Câest sĂ»r que, sâil avait adoptĂ© la nationalitĂ©, il lâaurait toujours. » Il nâa non plus jamais Ă©tĂ© suffisamment soulignĂ© avec quelle rapiditĂ© la paix complĂšte est revenue en AlgĂ©rie. Je suis arrivĂ© dans le pays Ă lâĂ©tĂ© 1963, raconte Jean-Robert Henri, historien Ă la Maison mĂ©diterranĂ©enne des sciences de lâhomme, Ă Aix-en-Provence. Avec ma vieille voiture, jâai traversĂ© le pays dâest en ouest, dormant dans les coins les plus reculĂ©s. Non seulement, avec ma tĂȘte de Français, il ne mâest rien arrivĂ©, mais Ă aucun moment je nâai ressenti le moindre regard dâhostilitĂ©. Jâai rencontrĂ© des pieds-noirs isolĂ©s dans leur ferme qui nâĂ©prouvaient aucune peur. » Câest vrai que, dĂšs aoĂ»t 1962, plus un seul coup de feu nâa Ă©tĂ© tirĂ© en AlgĂ©rie, affirme F. S. 6, lâun des historiens algĂ©riens les plus reconnus de cette pĂ©riode. Câest comme si, le lendemain de lâindĂ©pendance, les AlgĂ©riens sâĂ©taient dit âOn a eu ce quâon voulait, maintenant on oublie le passĂ© et on ne sâoccupe que de lâavenir.â » Marie-France Grangaud confirme Nous nâavons jamais ressenti le moindre esprit de revanche, alors que presque chaque famille avait Ă©tĂ© touchĂ©e. Au contraire, les AlgĂ©riens nous tĂ©moignaient une vĂ©ritable reconnaissance, comme sâils nous disaient âMerci de rester pour nous aiderâ ! » Finalement, on en vient Ă se demander pourquoi tant de Français dâAlgĂ©rie » ont dĂ©cidĂ© de quitter un pays auquel ils Ă©taient aussi charnellement attachĂ©s. Lorsquâon leur pose cette question, en France, ils Ă©voquent presque toujours la peur, alimentĂ©e par le climat de violence gĂ©nĂ©rale qui rĂ©gnait en AlgĂ©rie dans les derniers mois de la guerre â avec, mis en exergue, trois faits dramatiques de 1962 la fusillade de la rue dâIsly, le 26 mars Ă Alger ; le massacre du 5 juillet Ă Oran ; et les enlĂšvements dâEuropĂ©ens lire Trois Ă©vĂ©nements traumatisants ». Le dĂ©chaĂźnement de violence, fin 1961 - dĂ©but 1962, venait essentiellement de lâOAS, rectifie AndrĂ© Bouhana. A cause de lâOAS, un fossĂ© de haine a Ă©tĂ© creusĂ© entre Arabes et EuropĂ©ens, qui nâaurait pas existĂ© sinon. » Et tous dâinsister plutĂŽt sur lâextrĂȘme modĂ©ration avec laquelle le FLN a rĂ©pondu aux assassinats de lâOAS. A Arzew, se souvient Germaine Ripoll, lâOAS Ă©tait prĂ©sente, mais les AlgĂ©riens nâont jamais menacĂ© aucun Français. » Quant aux enlĂšvements deux mille deux cents EuropĂ©ens disparus entre 1954 et 1962, sur une population dâun million, un certain nombre dâentre eux Ă©taient ciblĂ©s ». Dans mon village, affirme Jean-Bernard Vialin, seuls les activistes de lâOAS ont Ă©tĂ© enlevĂ©s. » Les EuropĂ©ens ont eu trĂšs peur, analyse Stora. Mais peur de quoi ? Peur surtout des reprĂ©sailles aveugles, dâautant que les pieds-noirs savaient, et savent toujours, que le rapport entre leurs morts et ceux des AlgĂ©riens Ă©tait dâau moins un pour dix 7 ! Quand lâOAS est venue, un grand nombre dâentre eux lâa plĂ©biscitĂ©e. Ils avaient donc peur des exactions de militants du FLN, en rĂ©ponse Ă celles de lâOAS. Pourtant, une grande majoritĂ© dâAlgĂ©riens nâa pas manifestĂ© dâesprit de vengeance, et leur Ă©tonnement Ă©tait grand au moment du dĂ©part en masse des EuropĂ©ens. » Nous vivions de facto avec un sentiment de supĂ©rioritĂ©. Nous nous sentions plus civilisĂ©s » Mais, si la raison vĂ©ritable de cet exode massif nâĂ©tait pas le risque encouru pour leur vie et leurs biens, quây a-t-il eu dâautre ? Chez Jean-Bernard Vialin, la rĂ©ponse fuse La grande majoritĂ© des pieds-noirs a quittĂ© lâAlgĂ©rie non parce quâelle Ă©tait directement menacĂ©e, mais parce quâelle ne supportait pas la perspective de vivre Ă Ă©galitĂ© avec les AlgĂ©riens ! » Marie-France Grangaud, fille de la bourgeoisie protestante algĂ©roise dâavant 1962, devenue ensuite directrice de la section sociale Ă lâOffice national algĂ©rien des statistiques, tient des propos plus modĂ©rĂ©s, mais qui vont dans le mĂȘme sens Peut-ĂȘtre que lâidĂ©e dâĂȘtre commandĂ©s par des Arabes faisait peur Ă ces pieds-noirs. Nous vivions de facto avec un sentiment de supĂ©rioritĂ©. Nous nous sentions plus civilisĂ©s. Et puis, surtout, nous nâavions aucun rapport normal avec les musulmans. Ils Ă©taient lĂ , autour de nous, mais en tant que simple dĂ©cor. Ce sentiment de supĂ©rioritĂ© Ă©tait une Ă©vidence. Au fond, câest ça la colonisation. Moi-mĂȘme, jâai dĂ» faire des efforts pour me dĂ©barrasser de ce regard... » Entre 1992 et 1993, la chercheuse HĂ©lĂšne Bracco a parcouru lâAlgĂ©rie Ă la recherche de pieds-noirs encore vivants. Elle a recueilli une soixantaine de tĂ©moignages, dont elle a fait un livre, LâAutre Face EuropĂ©ens » en AlgĂ©rie indĂ©pendante 8. Pour cette chercheuse, la vraie raison du dĂ©part vers la France se trouve dans leur incapacitĂ© Ă effectuer une rĂ©version mentale. Les EuropĂ©ens dâAlgĂ©rie, quels quâils soient, mĂȘme ceux situĂ©s au plus bas de lâĂ©chelle sociale, se sentaient supĂ©rieurs aux plus Ă©levĂ©s des musulmans. Pour rester, il fallait ĂȘtre capable, du jour au lendemain, de partager toutes choses avec des gens quâils avaient lâhabitude de commander ou de mĂ©priser ». La rĂ©alitĂ© offre des cas parfois surprenants. Certains des pieds-noirs rencontrĂ©s en AlgĂ©rie tiennent encore des propos colonialistes et racistes. Sâils sont encore lĂ , câest autant pour protĂ©ger leurs biens appartements, immeubles, entreprises que parce que lâAlgĂ©rie, câest [leur] pays ». ConsĂ©quence logique de ces diffĂ©rences de mentalitĂ© la plupart des pieds-noirs demeurĂ©s au sud de la MĂ©diterranĂ©e nâont que trĂšs peu de contacts avec ceux de France. En 1979, Ă la naissance de ma fille, dont la mĂšre est algĂ©rienne, je suis allĂ© en France, se souvient Jean-Bernard Vialin. Dans ma propre famille, on mâa lancĂ© âQuoi ! Tu vas nous obliger Ă bercer une petite Arabe ?â » Lorsquâil est en France, Guy Bonifacio Ă©vite de rencontrer certains rapatriĂ©s Ils nous considĂšrent comme des collabos, constate-t-il avec un soupir. Combien de fois ai-je entendu âComment tu peux vivre avec ces gens-lĂ , ce sont des sauvages !â » NĂ©anmoins, Marie-France Grangaud amorce un sourire Depuis quelques annĂ©es, de nombreux pieds-noirs reviennent en AlgĂ©rie sur les traces de leur passĂ©. LâĂ©tĂ© dernier, lâun dâeux, que je connaissais, mâa dit en repartant âSi jâavais su, je serais peut-ĂȘtre restĂ©.â »