LInconscient est un terme qui dĂ©signe l'ensemble des processus psychiques qui Ă©chappent Ă  la conscience. La conscience, elle, est la connaissance qu'a l'homme de ses pensĂ©es, de ses sentiments et de ses actes. La conscience, par cette possibilitĂ© qu'elle a de faire retour sur elle-mĂȘme, est toujours Ă©galement conscience de soi.

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De quel sommeil s’agirait-il lorsque l’état d’hypnose est rĂ©alisĂ© ? De la mise en veilleuse de la conscience claire et distincte que l’on peut nommer aussi conscience consciente ou esprit conscient au profit de l’éveil d’une conscience conscience est dite consciente conscious awareness dans la mesure oĂč elle est restreinte, car elle ne peut porter son attention qu’à un nombre limitĂ© d’ conscience est dite inconsciente unconscious awareness dans la mesure oĂč elle supporte la totalitĂ© des souvenirs, des perceptions des sens externes et internes, des rĂ©sultats et des possibilitĂ©s d’apprentissage. Ces Ă©lĂ©ments sont trop nombreux – ils sont infinis – pour ĂȘtre distinguĂ©s par la conscience consciente elle s’en trouve donc conscience inconsciente qui supporte ce grand nombre peut ĂȘtre identifiĂ©e Ă  la totalitĂ© de la personne incarnĂ©e, donc au corps vivant en tant qu’il est esprit. Cette conscience inconsciente pourrait tout aussi bien ĂȘtre appelĂ©e vigilance vigilance restreinte et vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e, il existe tous les degrĂ©s possibles de vigilance. Ce qui pourrait faire comprendre que l’on dĂ©finisse l’hypnose comme un Ă©tat modifiĂ© de conscience. Encore faudrait-il souligner qu’il ne s’agit plus de la conscience proprement dite Ă  laquelle se rĂ©fĂšre le sens de l’hypnose est le passage de la vigilance restreinte Ă  la vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Ce passage qui est toujours le fruit d’un accord ou d’une dĂ©cision du patient, est favorisĂ© par diverses techniques fixation du regard, attention portĂ©e aux diffĂ©rentes parties du corps, confusion, etc. et par l’état de vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans lequel se trouve le thĂ©rapeute. C’est par ces techniques et par cet Ă©tat que le thĂ©rapeute peut ĂȘtre dit user de suggestion. Le pouvoir du thĂ©rapeute a donc pour fondation la largeur et l’intensitĂ© de sa veille gĂ©nĂ©ralisĂ©e. LĂ  oĂč les modifications opĂ©rĂ©es par l’exercice de l’hypnose peuvent ĂȘtre comprises comme la transformation de la rigiditĂ© des habitudes, enregistrĂ©es par l’esprit conscient, en souplesse et fluiditĂ© grĂące Ă  l’expĂ©rience de la complexitĂ© et de la force de la vigilance inconscient met Ă  la disposition du patient les nouvelles possibilitĂ©s et capacitĂ©s qui vont lui permettre de cette perspective, il est facile d’admettre que l’hypnose puisse ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme mĂ©dicale. Elle est en effet capable de guĂ©rir certains troubles ou comportements nocifs contrĂŽle de la douleur, addictions, difficultĂ©s alimentaires, dysfonctionnements psychiques ou psycho-somatiques. Quelqu’un, par exemple, voudrait bien ne plus fumer. Son passage par la vigilance gĂ©nĂ©ralisĂ©e lui permettra d’une part de mesurer et d’approfondir le degrĂ© de sa dĂ©termination, d’autre part de prendre appui sur des forces et des intĂ©rĂȘts nouveaux qu’il ne soupçonnait pas et qui rendent dĂ©risoire en comparaison le plaisir de la cigarette. L’hypnose guĂ©rit alors parce que, modifiant le contexte d’une habitude, elle en dĂ©truit le est aussi mĂ©dicale, au sens traditionnel du terme, car elle est une maniĂšre privilĂ©giĂ©e de dĂ©velopper certains aspects de cette pratique la prĂ©sence du mĂ©decin, son attention au patient, l’échange entre patient et mĂ©decin. On sait que ces traits constituent le premier remĂšde et rendent possible l’efficacitĂ© des autres lire Ă©galement Il suffit d’un geste » de François Roustang, Editions Odile Jacob, L’Hypnose MĂ©dicale » 2003 sous la direction du Dr J-Marc Benhaiem, Editions Med-Line L’Hypnose aujourd’hui » 2005 sous la direction du Dr J-Marc Benhaiem, Editions In-Press Oubliez le tabac! » 2005 du Dr J-Marc Benhaiem, Editions Albin Michel L’Hypnose qui soigne » 2006 du Dr J-Marc Benhaiem, Editions Josette Lyon Savoir attendre » 2006 de François Roustang, Editions Odile Jacob Enfin je maigris » 2008 du Dr J-Marc Benhaiem, Editiond Albin Michel Le secret de Socrate » 2009 de François Roustang, Editions Odile Jacob L’Hypnose ou les portes de la guĂ©rison » 2012 du Dr J-Marc Benhaiem Le guide de l’Hypnose » 2015 sous la direction du Dr J-Marc Benhaiem, Editions In-Press Zen et Hypnose » 2016 du Dr J-Marc Benhaiem, photos Harry Benhaiem, Editions de La MartiniĂšre Hypnose-toi Toi-MĂȘme! » 2019 du Dr J-Marc Benhaiem, Editions Flammarion ArrĂȘter de fumer sans se prendre la tĂȘte» 2021 coffret CD du Dr J-Marc Benhaiem, Editions First
artisticspirituality and poetic prophecy (Heschel) to Einstein's yugen, awe and wonder to enlightenment and spiritual epiphany including dancing, singing, & music + the spirituality of children, grieving & "unexplainable sensory" autistic spirituality synthesis-consensus of meaning of Frankl, James, Jung, Wong
RĂ©sumĂ©s Le plan de Catholicisme une gageure ? Sans majorer la difficultĂ©, la lecture de plusieurs travaux sur l’Ɠuvre inaugurale d’Henri de Lubac montre qu’il n’est pas aisĂ© d’en saisir toute la signification. Son auteur tĂ©moigne lui-mĂȘme d’un flottement apparent dans la maniĂšre d’évoquer les trois caractĂšres du dogme chrĂ©tien social, historique et personnel. En s’appuyant sur des publications postĂ©rieures du jĂ©suite, cette Ă©tude propose une nouvelle maniĂšre de rendre compte de l’agencement tripartite de l’ouvrage. Il s’agit, par lĂ , d’honorer la place essentielle accordĂ©e Ă  la question de l’unitĂ© ainsi que de repĂ©rer les fondations principales pour une intelligence du christianisme. The plan of Catholicism a challenge? Without exaggerating the difficulty, the study of several works devoted to Henri de Lubac’s inaugural work show that it is not easy to grasp all of its meaning. Its author avows himself to some apparent hesitations in the way of presenting the three dimensions of the Christian dogma social, historical and personal. Based on the Jesuit’s later works, this article proposes a new way of accounting for the tripartite structure of this work. The idea is to honour the essential place accorded to the question of unity, as well as to identify the principal foundations for the understanding of de page EntrĂ©es d'index Haut de page DĂ©dicaceAu PĂšre Georges Chantraine, 1932-2010 Texte intĂ©gral 1 von Balthasar, Catholique, coll. Communio, Paris, Fayard, 1976, p. III. Autre exemple M ... 2 Les actes du colloque sont rassemblĂ©s dans Henri de Lubac l’Église dans l’histoire », Communio ... 1La vaste Ɠuvre thĂ©ologique du PĂšre Henri de Lubac 1896-1991 a trouvĂ© dans Catholicisme 1938 un porche inaugural majeur. Cette premiĂšre publication, pour beaucoup, fut accueillie avec enthousiasme. Balthasar, par exemple, la reçut comme signe d’une percĂ©e pour la pensĂ©e catholique1 ». De nombreuses Ă©tudes se sont ainsi attardĂ©es sur ces pages elles permettent de comprendre plusieurs caractĂ©ristiques du mouvement thĂ©ologique du xxe siĂšcle. D’une certaine maniĂšre, nous pourrions donc dire que c’est un livre connu. Le 70e anniversaire de sa parution fut d’ailleurs l’occasion d’une journĂ©e d’étude, chaque contribution illustrant le fait que ce livre inaugure en quelque sorte une maniĂšre nouvelle de faire de la thĂ©ologie2 ». 3 L. Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique », Communio 33/ 5 2008, p. 104. 4 É. de Moulins-Beaufort, “À plusieurs un seul corps”. Les dimensions eucharistiques de l’unitĂ© sel ... 2Au cours de cette journĂ©e, Laurent Villemin posait une question cruciale comment tenir ensemble “le caractĂšre Ă  la fois social, historique et intĂ©rieur du christianisme”3 ? » Cette Ă©vocation s’appuie sur la dĂ©signation des trois parties de Catholicisme, telles que son auteur les prĂ©sente. Quoique bien repĂ©rĂ©e, cette triple caractĂ©ristique du dogme chrĂ©tien social, historique et personnel mĂ©rite pourtant de s’y attarder Ă  nouveau. D’une part, en effet, la lecture de commentaires montre que cette articulation n’est pas toujours honorĂ©e. D’autre part, nous croyons qu’elle recĂšle plusieurs principes importants pour l’interprĂ©tation de la thĂ©ologie lubacienne. Car celle-ci tourne essentiellement autour de la question de l’unitĂ©. Éric de Moulins-Beaufort le soulignait rĂ©cemment les travaux du PĂšre de Lubac ont grandement contribuĂ© Ă  remettre l’unitĂ© au premier plan de la conscience chrĂ©tienne ». À tel point que cette perspective essentielle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le fonds mĂ©taphysique de 
 Catholicisme4 ». En interrogeant le plan de l’ouvrage, nous voudrions donc aider Ă  redĂ©couvrir comment le thĂ©ologien jĂ©suite rend compte du mystĂšre d’unitĂ© vers lequel tend toute l’existence et de quelle maniĂšre l’intelligence peut en rendre compte. 3Nous verrons, dans un premier temps, comment Lubac aborde la question de l’unitĂ©. Nous manierons ainsi certains de ses concepts favoris, dont celui du paradoxe. Ensuite, nous ferons Ă©cho aux difficultĂ©s d’interprĂ©tation de l’architecture de Catholicisme ; son propre auteur invite, peut-ĂȘtre inconsciemment, Ă  ne pas passer trop vite sur cette question. En dernier lieu, nous proposerons un nouvel axe de lecture que la confrontation Ă  d’autres Ă©tudes viendra enrichir. L’enjeu de ces lignes est donc double d’un point de vue factuel, il s’agit de reprendre la question du plan d’un ouvrage essentiel de Lubac. Mais, Ă  travers cela, il s’agit surtout de saisir son approche du mystĂšre de l’unitĂ© tel que le christianisme invite Ă  le vivre. 1. Lubac, thĂ©ologien de l’unitĂ© 4Le choix primordial de notre auteur d’Ɠuvrer au service de l’unitĂ© ne trouve pas toujours Ă©cho chez ses lecteurs. Ce souci constant conduira certains, nĂ©anmoins, Ă  l’impression que les travaux lubaciens masquent souvent les oppositions inhĂ©rentes Ă  notre existence au profit de rapprochements trop hĂątifs. Une telle apprĂ©ciation est pourtant inadaptĂ©e, empĂȘchant de comprendre le terrain sur lequel se situe Lubac et, en consĂ©quence, les outils qu’il se donne pour Ă©chafauder sa rĂ©flexion. 5 J. Maritain, Distinguer pour unir ou les degrĂ©s du savoir, Paris, 1932. 6 H. de Lubac, Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme, ƒuvres complĂštes, t. 7, Paris, Cerf, p. 28 ... 7 H. de Lubac, Augustinisme et thĂ©ologie moderne, ƒuvres complĂštes, t. 13, Paris, Cerf, 2008, p. XXIV ... 5Pour lui, quoique l’expĂ©rience confronte effectivement Ă  de multitudes oppositions, l’unitĂ© demeure toujours premiĂšre unitĂ© du genre humain, notamment ; unitĂ©, dĂšs lors, de tout ce qui est relatif Ă  la personne. D’oĂč le renversement de la formule bien connue de Jacques Maritain Distinguer pour unir5 ». Le conseil est excellent, reconnaĂźt Lubac, mais sur le plan ontologique la formule complĂ©mentaire ne s’impose pas avec moins de force unir pour distinguer6 ». Pour notre auteur, la valorisation des caractĂ©ristiques individuelles ne peut se faire efficacement qu’en fonction d’une harmonie prĂ©alablement dĂ©signĂ©e, qui doit orienter toute l’analyse. On perçoit son approche particuliĂšre dans cette formule distinguer les deux Ă©lĂ©ments pour les unir, les unir pour les distinguer, manifester leur distinction prĂ©cisĂ©ment Ă  l’intĂ©rieur de leur union7 ». 8 Parmi les trĂšs nombreux travaux sur le paradoxe lubacien, on peut se rĂ©fĂ©rer Ă  V. Franco Gomes, Le ... 6Cette interprĂ©tation du mystĂšre de l’ĂȘtre trouve dans le paradoxe l’outil rĂ©flexif le plus adĂ©quat. À cause de la fonction qu’il lui attribue, il est impossible de passer Ă  cĂŽtĂ© de cet aspect de la pensĂ©e du jĂ©suite8. Le paradoxe est le schĂšme permettant de situer les oppositions Ă  l’intĂ©rieur d’une rĂ©alitĂ© unifiĂ©e qui intĂšgre leur valeur singuliĂšre. Le rapport entre ancienne et nouvelle Alliance est l’exemple par excellence de cette logique paradoxale la RĂ©vĂ©lation est unique et profondĂ©ment unifiĂ©e ; mais elle se dĂ©ploie Ă  travers deux lois qui, d’un point de vue formel, s’opposent. Un passage d’ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale aidera Ă  apprĂ©cier cette orientation fondatrice 9 H. de Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale. Les quatre sens de l’Écriture, t. 1, coll. ThĂ©ologie, 41, Paris, ... Un tel accord [entre les deux Testaments] est quelque chose d’unique, dont aucun exemple ne rendrait exactement compte, quoique le vocabulaire dans lequel on le dĂ©finit soit empruntĂ© Ă  la musique et qu’il en reçoive certains Ă©claircissements. Ce n’est pas l’accord d’un simple parallĂ©lisme, ni d’une simple hiĂ©rarchie, mais d’une vĂ©ritable unitĂ©. Mais une telle unitĂ© n’est pas davantage confusion. Il s’agit de consonance, c’est-Ă -dire d’une harmonie rĂ©alisĂ©e par convergence entre choses d’abord dissemblables et reconnues telles ; d’une paix merveilleuse, Ă©tablie Ă  la suite d’une guerre au moins apparente ; d’une symphonie, vocum disparium inter se dulcis concetus. Il s’agit, entre les deux parties du Livre, d’une co-aption rigoureuse ; d’un agencement organique et d’une correspondance sans dĂ©faut9. 10 H. de Lubac, Paradoxes, ƒuvres complĂštes, t. 31, Paris, Cerf, 1999, p. 71-72. Rappelons cette sĂ©rie ... 11 H. de Lubac, Surnaturel. Études historiques, Paris, Lethielleux – 2010, p. 484. 7Tout au long de ses travaux, Lubac rendra compte de nombreuses antinomies dont les deux Testaments sont un archĂ©type. Le paradoxe, Ă©crivait-il, est partout dans le rĂ©el, avant d’ĂȘtre dans la pensĂ©e. Il y est partout Ă  demeure. Il y renaĂźt toujours. L’univers lui-mĂȘme, notre univers en devenir, est paradoxal10 ». Il est bien des cas, dĂšs lors, oĂč le paradoxe est signe nĂ©cessaire de vĂ©ritĂ©11 ». Cependant, pour que cette vĂ©ritĂ© soit pleinement honorĂ©e, il faut intĂ©grer le paradoxe dans un cadre conceptuel plus large encore. À notre connaissance, notre auteur ne dĂ©finit jamais ce passage explicitement ; la prise en compte de l’ensemble de son Ɠuvre y conduit pourtant nĂ©cessairement. 8À l’intĂ©rieur d’une unitĂ© ontologique, l’opposition paradoxale s’éclaircit grĂące Ă  un autre principe d’intelligence du rĂ©el la corrĂ©lation radicale ». Cette expression se rĂ©fĂšre au jeu d’opposition caractĂ©ristique du paradoxe. Mais celui-ci est prolongĂ© ; car l’idĂ©e de corrĂ©lation souligne plus spĂ©cifiquement l’intĂ©rioritĂ© mutuelle des rĂ©alitĂ©s opposĂ©es, aucune d’entre elles ne pouvant se dĂ©finir isolĂ©ment. Lubac le repĂšre Ă  propos de la vie de l’Église 12 H. de Lubac, Les Églises particuliĂšres dans l’Église universelle, Paris, Aubier-Montaigne, 1971, p. ... Puisqu’il y a intĂ©rioritĂ© ou inclusion mutuelle, il y a corrĂ©lation radicale, si bien qu’il ne suffirait pas de dire que les Églises particuliĂšres ont Ă  ĂȘtre insĂ©rĂ©es dans l’Église universelle elles le sont par leur existence mĂȘme. Aussi l’Église universelle n’est-elle point une d’une unitĂ© fĂ©dĂ©rative » 
 elle est l’épouse du Christ. Son unitĂ© est organique et mystique »12. 13 H. de Lubac, MĂ©moire sur l’occasion de mes Ă©crits, ƒuvres complĂštes, t. 33, Paris, Cerf, 2006, p. 1 ... 14 Dans sa thĂšse, Bertrand Dumas a mis en avant l’indispensable fonction de l’intelligence des Écritur ... 15 Bien des exemples de cette logique pourraient ĂȘtre relevĂ©s dans les travaux lubaciens, notamment se ... 9Quoiqu’on trouve plusieurs anticipations de l’idĂ©e de corrĂ©lation, il faudra attendre 1971 pour qu’une courte Ă©tude ecclĂ©siologique en rĂ©vĂšle l’importance. Catholicisme et Les Églises particuliĂšres dans l’Église universelle, de ce fait, fonctionnent en systĂšme le premier expose le principe d’unitĂ© propre au christianisme ; le second en montre une rĂ©alisation concrĂšte. Par la rĂ©daction de ce dernier, avouera son auteur, j’abordais pour la premiĂšre fois directement le terrain des institutions13 ». En s’immisçant Ă  l’intĂ©rieur de la vie de l’Église, un aspect significatif de son mode d’existence apparaĂźt ainsi. Sur ce terrain nouveau, le principe du paradoxe prend alors une nouvelle dimension ; il ne s’agit pas d’interprĂ©ter le rĂ©el Ă  travers la seule confrontation d’élĂ©ments antagonistes la fĂ©conditĂ© de cette opposition est Ă  prĂ©sent mĂ©diatisĂ©e par un troisiĂšme terme qui assure leur mutuelle rencontre14. Tout comme l’articulation entre les Églises particuliĂšres et l’Église universelle requiert le service d’un centre », l’Église de Rome, chaque paradoxe suppose une entitĂ© concrĂšte Ă  l’intĂ©rieur de laquelle peuvent se rencontrer les Ă©lĂ©ments antagonistes15. 16 G. Chantraine, La “corrĂ©lation radicale” des Églises particuliĂšres et de l’Église universelle che ... 17 G. Chantraine – Lemaire., Henri de Lubac, t. 4 Concile et aprĂšs-Concile 1960-1991, coll. ... 10Il y aurait Ă©videmment bien plus Ă  dire sur cette logique, dont Georges Chantraine dira qu’ Henri de Lubac s’[y] rĂ©fĂšre du dĂ©but Ă  la fin de son Ɠuvre16 ». En effet, elle n’a quasiment jamais Ă©tĂ© prise en compte nul, Ă  notre connaissance, Ă©crivait encore Chantraine, n’a rĂ©flĂ©chi sur la “corrĂ©lation radicale” entre Églises particuliĂšres et Église universelle17 ». Dans le cadre de cet article, nous pouvons nous en tenir Ă  relever ces deux points d’une part, le principe du paradoxe est entiĂšrement relatif Ă  une vision unifiĂ©e de la rĂ©alitĂ© ; d’autre part, la fĂ©conditĂ© du paradoxe lubacien se dĂ©ploie, dans le cadre de la corrĂ©lation radicale, au moyen d’un pĂŽle central indispensable. Nous allons voir, Ă  prĂ©sent, que cette logique est nĂ©cessaire pour interprĂ©ter la perspective d’ensemble de Catholicisme. 2. Comment interprĂ©ter Catholicisme ? 18 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique
 », p. 104. Cette lecture, trop rapide, conduit Ă  une reprise ... 11Si la question de Laurent Villemin relevĂ©e plus tĂŽt dĂ©signait le cƓur de notre recherche, une autre de ses rĂ©flexions va indiquer un lieu de difficultĂ© significatif. Pour lui, l’ antinomie » entre personne » et sociĂ©tĂ© » ne fut 
 jamais [Ă©levĂ©e] au rang de paradoxe18 ». Cette remarque pourra surprendre elle invite Ă  s’intĂ©resser de prĂšs au vocabulaire de Lubac et Ă  la logique fondamentale ainsi traduite. Ceci Ă©tant, nous verrons que le jĂ©suite n’est lui-mĂȘme pas toujours trĂšs explicite. a. L’apparent morcellement du travail lubacien 19 Lettre de Lubac Ă  G. Fessard, du 23 mars 1938. CitĂ©e par J. Stern, PrĂ©sentation » Ă  H. de Lubac, ... 20 Catholicisme met au jour des suspicions dĂ©jĂ  anciennes Ă  l’endroit de son auteur. DĂšs le temps du s ... 12 Mon bouquin ne vaudra pas grand-chose, et je ne m’y suis guĂšre intĂ©ressĂ© que mĂ©diocrement. Si les circonstances s’y prĂȘtaient, j’aimerais me mettre, dans quelques mois, Ă  quelque travail plus sĂ©rieux19 ». Tel Ă©tait le jugement posĂ© par Lubac sur sa premiĂšre publication en replaçant ces mots dans leur contexte, on peut comprendre la distance du jĂ©suite par rapport Ă  son propre travail20. 21 H. de Lubac, MĂ©moire
, p. 25. 22 J. Stern, PrĂ©sentation » Ă  H. de Lubac, Catholicisme
, p. II. 13Pour autant, cette rĂ©serve trouvera un Ă©cho bien plus tard mon premier livre fut Catholicisme 1938. Il est fait de piĂšces et de morceaux, d’abord indĂ©pendants, cousus tant bien que mal en trois parties, sans aucun plan prĂ©conçu21 ». Peu de commentaires reprennent cette ouverture du deuxiĂšme chapitre du MĂ©moire 1989, tĂ©moignage souvent balayĂ© pour mettre en valeur l’humilitĂ© de son auteur, quand ce n’est pas son humour. C’est lĂ  une boutade », Ă©crit le PĂšre Stern22. Mais le recoupement entre le jugement des annĂ©es quarante et celui des annĂ©es quatre-vingts ne saurait ĂȘtre trop vite traitĂ©. D’un bout Ă  l’autre de la chaĂźne, nous rencontrons plutĂŽt une mĂȘme rĂ©serve qui devrait interpeller. 23 Congar, Sainte Église. Études et approches ecclĂ©siologiques, coll. Unam Sanctam, 41, Paris, ... 24 Wagner, Henri de Lubac, coll. Initiations aux thĂ©ologiens, Paris, Cerf, 2007, p. 154. 14Le PĂšre Congar, Ă  cet Ă©gard, n’avait-il pas raison d’indiquer que, Ă  parcourir le volume, on peut avoir l’impression d’un certain manque d’unitĂ© »23 ? Jean-Pierre Wagner, Ă  son tour, fera remarquer que l’argumentation thĂ©ologique de Catholicisme est complexe, les thĂšmes abordĂ©s Ă©tant trĂšs nombreux24 ». 25 Lubac, MĂ©moire
, p. 25-26. 15ReconnaĂźtre l’indĂ©niable valeur de l’ouvrage, en rĂ©alitĂ©, ne devrait pas ignorer la difficultĂ© d’interprĂ©tation de l’ensemble. Au reste, Lubac encourage une telle analyse Catholicisme rĂ©pondait sans doute “à l’air du temps”. Emmanuel Mounier aimait y trouver une base doctrinale pour sa “rĂ©volution personnaliste et communautaire” beaucoup, depuis lors, ont bien oubliĂ© la premiĂšre des deux Ă©pithĂštes !. Aussi l’ouvrage a-t-il Ă©tĂ© souvent citĂ©. Mais souvent on s’en est tenu Ă  sa premiĂšre partie, ce qui a pu contribuer Ă  en fausser la signification25 ». Ce livre a donc une signification ; son organisation tripartite, pour involontaire qu’elle fĂ»t, devrait en rendre compte. Il y a donc lieu de s’attarder au mouvement interne de cette Ɠuvre. Nous le ferons, dans un premier temps, en mesurant les hĂ©sitations dont plusieurs commentaires conservent la trace. b. Les limites d’une interprĂ©tation spatiale » de Catholicisme 26 Reprenons ce passage-clĂ© dans sa totalitĂ© Le dilemme [de l’unitĂ©] ne peut ĂȘtre complĂštement sur ... 16Bien des prĂ©sentations de l’ouvrage montreront que l’insatisfaction du jĂ©suite Ă©tait autant prophĂ©tique que rĂ©trospectif Catholicisme se dĂ©robe aisĂ©ment Ă  une saisie d’ensemble. Comme si l’ aperception rĂ©elle » recommandĂ©e au terme de l’ouvrage, pour saisi[r] d’un seul regard 
 le lien du personnel et de l’universel », trouvait dans l’agencement global de son travail une illustration singuliĂšre. Et pour cause l’idĂ©e de l’unitĂ©, rappelait notre auteur, n’est pas l’unitĂ© mĂȘme » ; le simple rapprochement entre plusieurs Ă©lĂ©ments ne suffit pas. Pour comprendre intĂ©gralement Catholicisme, il faudrait donc appliquer le principe posĂ© par son auteur, condition nĂ©cessaire permettant cette aperception » elle doit se rĂ©aliser, disait-il, hors de toute intuition spatiale26 ». 27 L’un des prĂ©jugĂ©s les plus enracinĂ©s contre la religion catholique est qu’elle 
 n’offre plus u ... 17Le point d’achoppement de ce travail se situe dans l’articulation entre les deux premiers moments entre le caractĂšre social » et le caractĂšre historique » du dogme chrĂ©tien. Par voie de consĂ©quence, il s’agit de comprendre la position du caractĂšre personnel » du dogme, troisiĂšme partie de l’Ɠuvre. Si Lubac dĂ©plorait que la premiĂšre, seule, fĂ»t rĂ©guliĂšrement extraite de l’ensemble, il faut discerner une rĂ©percussion spontanĂ©e des mentalitĂ©s ou orientations gĂ©nĂ©rales de la pensĂ©e de ses contemporains27. L’aspiration Ă  penser le social », Ă  en ouvrir une nouvelle voie de rĂ©alisation Ă©tait, dans l’entre-deux-guerres, un souci permanent. NĂ©anmoins, pour ce qui touche Ă  l’intĂ©gration proprement dite de l’ouvrage, ses lecteurs sont gĂ©nĂ©ralement arrĂȘtĂ©s par les deux premiĂšres parties le caractĂšre social ou historique du dogme. Quelques exemples suffiront Ă  le voir. 18Balthasar, dont nous avons rappelĂ© l’importance dans la rĂ©ception de ce volume, est aussi un bon tĂ©moin de cette ambiguĂŻtĂ© 28 von Balthasar – G. Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac. L’homme et son Ɠuvre, coll. Le sy ... Au dĂ©but se prĂ©sente Catholicisme 1938 
. Trois parties les deux premiĂšres exposent les deux traits majeurs de la rĂ©alitĂ© catholique 1. la dimension sociale » entendons la solidaritĂ© universelle en fait de salut de l’humanitĂ© ; 2. la dimension historique » la signification de la temporalitĂ© et de l’histoire. Elles sont complĂ©tĂ©es par une troisiĂšme partie, qui montre d’abord l’actualitĂ© des exposĂ©s prĂ©cĂ©dents 
, puis la dialectique qui joue nĂ©cessairement entre personne et communautĂ© ch. 11, entre salut immanent et salut transcendant ch. 1228. 29 von Balthasar – G. Chantraine, Le cardinal
, p. 67. 30 A. Russo, Henri de Lubac. Bibliographie, Paris, Brepols, 1997, p. 85. von Balthasar – G. Chan ... 31 Wagner, Henri de Lubac
, p. 157. 32 É. de Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale de Catholicisme », Communio 33/5 2008, p. 89. 19Balthasar fait ainsi se rĂ©pondre directement le social » et l’ historique ». DĂšs lors, la troisiĂšme partie de l’ouvrage apparaĂźt comme une reprise mĂ©thodologique de ce qui prĂ©cĂšde ; pour cette raison, le chapitre 10 pourrait se placer au dĂ©but, comme une introduction Ă  l’ouvrage29 » ; suggestion que reprendra Russo la troisiĂšme [partie] 
 intĂšgre les prĂ©cĂ©dentes et comprend un chapitre 
, pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une introduction gĂ©nĂ©rale Ă  tout le volume et donc, placĂ© au dĂ©but30 ». Dans un mĂȘme ordre d’idĂ©e, Wagner faisait remarquer que la troisiĂšme partie commence par un chapitre au titre prĂ©cis ouvrant tout un programme “La situation prĂ©sente”31 ». Plus rĂ©cemment, Moulins-Beaufort s’interrogeait sur une particularitĂ© du plan de Catholicisme ». Constatant que son auteur n’expose qu’en troisiĂšme partie le lieu d’origine de l’individualisme, il interroge pourquoi ce diagnostic vient-il si tard ? Parce qu’il lui [Lubac] importe peu de dĂ©signer un mal auquel tous participent ; il essaie de donner le goĂ»t de l’unitĂ© Ă  laquelle Dieu nous appelle et dans laquelle seulement notre humanitĂ© Ă  chacun peut s’épanouir vraiment32 ». 20Ces Ă©tudes montrent deux choses d’une part, saisir la perspective d’ensemble de l’Ɠuvre demande une attention prĂ©cise aux expressions employĂ©es par l’auteur. On ne sera jamais trop prudent en pesant chacune de ses formules. D’autre part, alors que le lien entre les deux premiĂšres parties s’impose, l’intĂ©gration de la troisiĂšme complique l’analyse est-ce une reprise mĂ©thodologique, Ă  l’image de son chapitre 10 ? Ou y a-t-il une autre intention ? 33 P. Vallin, Catholicisme le P. de Lubac au seuil d’une Ɠuvre », ThĂ©ophilyon 9/3 2004, p. 70. 34 A. Russo, L’idĂ©e de solidaritĂ© dans Catholicisme 1938 », 44 2013, p. 72. Mais le mĂȘme ... 35 Wagner, Henri de Lubac
, p. 154. 21Il y a peu, un lecteur Ă©crivait que les trois derniers chapitres de Catholicisme ont un caractĂšre assez diffĂ©rent [au regard de ceux qui prĂ©cĂšdent], mais manquent d’entrain !33 ». Russo ou Wagner ne l’entendent pas ainsi tout en reprenant l’articulation entre les deux premiers termes, ils posent un regard diffĂ©rent sur le troisiĂšme moment de l’ouvrage. Pour le premier jusque dans la troisiĂšme partie du volume, c’est-Ă -dire dans les pages les plus personnalistes, et donc Ă  premiĂšre vue les moins rattachables au dĂ©veloppement d’une rĂ©alitĂ© sociale, ce caractĂšre unitaire Ă©merge constamment et l’oblige [Lubac] du mĂȘme coup, Ă  thĂ©matiser les rapports entre la distinction et l’unitĂ©, ou mieux, entre le personnel et l’universel, dans une intĂ©gration rĂ©ciproque des deux termes34 ». Pour le second l’ouvrage comporte trois parties. Les deux premiĂšres honorent successivement la dimension sociale et la dimension historique du catholicisme, la troisiĂšme partie, plus soucieuse de prĂ©senter la situation thĂ©ologique prĂ©sente, s’efforce de montrer que le double caractĂšre historique et social du catholicisme n’est pas Ă  comprendre dans un sens purement temporel et terrestre, mais qu’il est sans cesse Ă  articuler avec les autres vĂ©ritĂ©s du dogme catholique, Ă  savoir la double affirmation des droits de la personne et de la transcendance35 ». 22Pour l’un et l’autre, si l’articulation entre les deux parties initiales de Catholicisme est premiĂšre, il faut la conjuguer avec une autre rĂ©alitĂ©, dont la derniĂšre partie est l’emblĂšme. Russo parlait d’ intĂ©gration rĂ©ciproque », Wagner d’ articulation » nĂ©cessaire dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’honorer les requĂȘtes de cette troisiĂšme partie. Elle n’est pas une simple reprise mĂ©thodologique » ceux mĂȘmes qui s’arrĂȘtaient plus tĂŽt sur la spĂ©cificitĂ© logique du dixiĂšme chapitre indiquent Ă©galement que l’ensemble du troisiĂšme moment de l’ouvrage est indispensable pour interprĂ©ter sa logique sous-jacente. Nous allons voir, cependant, que notre auteur manque Ă©galement, tout au moins en apparence, de cohĂ©rence. c. Les hĂ©sitations internes Ă  Catholicisme 36 Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale
, t. 1, p. 192. 23Nous allons maintenant reprendre l’analyse introduite par nos prĂ©dĂ©cesseurs, attribuant au PĂšre de Lubac la remarque qu’il fera Ă  propos de Jean Cassien 355-435, auteur de cĂ©lĂšbres Collationes. Sur la question de l’ordonnancement tripartite des sens de l’Écriture, le jĂ©suite constatait chez son devancier un certain flottement sans doute inconscient, mais qui n’en est pas moins significatif36 ». Nous pourrions retourner ce propos Ă  son auteur, car Catholicisme est Ă©galement le lieu d’un certain flottement ; et s’il est Ă©galement inconscient, il n’en sera pas moins significatif. 37 En gros, l’on peut dire que l’ouvrage veut montrer le caractĂšre Ă  la fois social, historique et i ... 38 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique
 », p. 104. 39 Il indique ainsi le projet de la troisiĂšme partie examiner comment le catholicisme exalte les v ... 40 Par exemple, au dĂ©but du chapitre XI mettre en relief autant que nous l’avons fait le caractĂšre ... 24Lubac parle des trois parties de Catholicisme – dont chacune est dĂ©signĂ©e par un terme caractĂ©ristique social », histoire », personnel » – comme d’une triple note »37. Et son commentateur pourra indiquer que nous tenons ici le plan vĂ©ritable de Catholicisme »38. Dans les diffĂ©rentes Ă©vocations que fait Lubac de cet agencement, l’ordre des parties est pourtant souvent inversĂ©. Comme cela se produit rarement chez Lubac, on ne peut considĂ©rer ce phĂ©nomĂšne comme une simple anecdote. Nous constatons plutĂŽt une tendance gĂ©nĂ©rale et contextualisĂ©e. Ainsi, chaque fois que Lubac Ă©voque, seuls, les deux premiers Ă©lĂ©ments, nous l’entendons parler de double caractĂšre historique et social » c’est le cas dĂšs l’introduction, mais aussi tout au long de l’ouvrage39. À l’inverse, lorsqu’il Ă©voque l’ensemble des trois parties, il conserve l’ordonnancement initial social – historique – personnel40. Si cette trichotomie lubacienne illustre l’organisation de l’ouvrage, son auteur prend donc toute libertĂ© pour en bouleverser l’ordre lorsqu’il rassemble en formules serrĂ©es le double caractĂšre » du dogme chrĂ©tien. 41 H. de Lubac, Le caractĂšre
 », p. 265. 42 Lubac, Catholicisme
, p. 138. Nous soulignons. 43 H. de Lubac, La recherche d’un homme nouveau », dans Affrontements mystiques, ƒuvres complĂšte, t. ... 25Par ailleurs, que ce soit dans Catholicisme ou dans d’autres publications, Lubac perturbe davantage ce qui pouvait sembler acquis initialement. Une formulation de l’article de 1936, c’était encore un MystĂšre qui devait se rĂ©aliser, s’accomplir historiquement et socialement41 », oĂč nous retrouvons l’ordre inversĂ© des deux premiĂšres parties de l’article, sera ainsi reprise et prolongĂ©e historiquement et socialement, quoique toujours spirituellement42 ». Dans un autre texte, concernant la vision chrĂ©tienne de l’homme, Lubac parlera Ă©galement d’un double caractĂšre d’historicitĂ© et d’intĂ©rioritĂ©43 » ; lĂ , semble-t-il, l’aspect social a disparu. 26Que conclure ? Si le plan matĂ©riel de Catholicisme, Ă  premiĂšre vue, est limpide, Lubac ne le ressaisit pas nĂ©cessairement comme tel. Au contraire au triple caractĂšre » auquel nous pourrions nous attendre, il en substitue frĂ©quemment un double », intervertissant ses Ă©lĂ©ments constitutifs et sans ouvrir au troisiĂšme. L’articulation majeure de l’Ɠuvre, comme ce le fut bien souvent, pouvait ainsi lĂ©gitimement ĂȘtre perçue entre les deux premiers moments. Mais plusieurs interprĂštes de la thĂ©ologie lubacienne ont soulignĂ© l’importance d’assumer l’architecture complĂšte de l’ouvrage. Et son auteur, en premier lieu, soulignait qu’une mutilation d’une des parties de Catholicisme pouvait en pervertir la signification. La question du plan de cette Ɠuvre inaugurale requiert donc un effort d’analyse. Pour que la rĂ©ponse apportĂ©e porte tout son fruit, il faut se dĂ©solidariser d’une interprĂ©tation spatiale » des Ă©lĂ©ments mis en exergue par notre auteur. Russo, Wagner ou Balthasar ont ouvert la voie ; nous aimerions prolonger leur Ă©tude. 3. Vers la reconnaissance du double regard de Catholicisme 27AprĂšs avoir prĂ©sentĂ© briĂšvement notre hypothĂšse de lecture de Catholicisme, nous la confronterons Ă  trois autres approches. Si chacune d’entre elles appuiera plusieurs aspects de notre lecture, elles permettront aussi d’instaurer en dialogue permettant de souligner deux façons diverses d’aborder la question de l’unitĂ©. a. Catholicisme une illustration singuliĂšre du paradoxe lubacien 44 Lubac, Catholicisme
, p. 138. Ce passage ce situe dans le premier chapitre de la deuxiĂšme partie ... 28Pour saisir l’architecture d’ensemble de Catholicisme, nous pouvons nous arrĂȘter sur un passage-clĂ© du chapitre 5 seul le christianisme affirme Ă  la fois, indissolublement, pour l’homme une destinĂ©e transcendante et pour l’humanitĂ© une destinĂ©e commune ». À cette affirmation, il faut ajouter la suite, non moins capitale de cette destinĂ©e toute l’histoire du monde est la prĂ©paration44 ». Notre hypothĂšse de lecture s’ancre ici ; cette phrase a souvent Ă©tĂ© citĂ©e, mais il faut la faire ressortir sous le jour de la corrĂ©lation radicale » pour en saisir toute la portĂ©e. 45 Lubac en donnait d’ailleurs une idĂ©e dĂšs son quatriĂšme chapitre les premiĂšres gĂ©nĂ©rations chrĂ©t ... 29Plus qu’entre les deux premiĂšres parties, l’articulation essentielle de l’ouvrage est bien Ă  situer entre la premiĂšre et la derniĂšre ; c’est-Ă -dire entre les caractĂšres sociaux » et personnels ». Nous avons rencontrĂ© cette suggestion plus tĂŽt45. Mais il faut ajouter un Ă©lĂ©ment s’il y a corrĂ©lation radicale » entre ces deux caractĂšres paradoxaux, il doit y avoir un centre ». En ce cas, cette fonction revient Ă  la partie intermĂ©diaire de l’ouvrage l’ histoire », prĂ©sentĂ©e ici comme prĂ©paration ». 46 Lubac, Catholicisme
, p. 297. 30Cette hypothĂšse de lecture cherche Ă  saisir dans son ensemble le parcours thĂ©ologique tel que Lubac le propose dans Catholicisme. S’il se dĂ©solait que l’orientation de son travail ait pu ĂȘtre dĂ©voyĂ©e, cela tient Ă  la difficultĂ© de tenir le paradoxe entre les pĂŽles social » et personnel » du dogme. L’unitĂ© catholique, pour le jĂ©suite, ne peut ĂȘtre reçue qu’en assumant la spĂ©cificitĂ© de ces deux axes point de rĂ©elle unitĂ© sans altĂ©ritĂ© persistante », Ă©crivait-il46. Par ailleurs, cette proposition de lecture permet de mieux comprendre la place spĂ©cifique de l’histoire. Ce caractĂšre du christianisme est Ă  concevoir comme le centre » grĂące auquel les deux autres Ă©lĂ©ments peuvent se fĂ©conder mutuellement. La lumiĂšre divine unit la rĂ©alitĂ© créée et permet Ă  chaque libertĂ© de se dĂ©ployer Ă  travers l’étoffe historique de l’ĂȘtre. 47 H. de Lubac, Le drame de l’humanisme athĂ©e, ƒuvres complĂštes, t. 2, Paris, Cerf, 1998, p. 111. 31À la suite de nombreux prĂ©dĂ©cesseurs, la lecture que nous proposons souligne la complexitĂ© de Catholicisme. Si, linĂ©airement, son plan semble aisĂ© Ă  suivre, il n’est pas aussi simple d’en intĂ©grer la perspective thĂ©ologique fondamentale. Nous voyons, au contraire, que le mode d’intelligibilitĂ© qui se dĂ©ploie dans l’ouvrage de 1938 n’est vraiment manifeste qu’à la lumiĂšre de l’ecclĂ©siologie de son auteur. En recoupant le principe de la corrĂ©lation radicale » avec les trois parties de Catholicisme, nous entendons Ă©galement souligner l’apport de diffĂ©rents lieux d’intelligibilitĂ© de la foi chrĂ©tienne concernant l’unitĂ©. L’Ɠuvre thĂ©ologique du jĂ©suite tend vers ce but engager l’esprit humain Ă  assumer toutes les exigences de la foi chrĂ©tienne pour faire Ɠuvre d’unitĂ©, qui est le sceau de Dieu sur son ouvrage47 ». 32Par la confrontation de cette hypothĂšse avec les interprĂ©tations de quelques-uns de nos prĂ©dĂ©cesseurs, nous souhaitons terminer notre parcours en insistant sur trois aspects indispensables pour l’interprĂ©tation de la thĂ©ologie lubacienne de l’unitĂ©. La logique formelle du plan de Catholicisme que nous avons proposĂ© ne peut dispenser d’une analyse plus approfondie de ce qui met effectivement le christianisme au service de l’unitĂ©. b. Balthasar et l’organicitĂ© de l’Ɠuvre lubacienne 48 von Balthasar ‑ G. Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac
, p. 46. Voir aussi, Ibid., p. 58. 49 von Balthasar ‑ G. Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac
, p. 59 ; formulation bientĂŽt rĂ©itĂ© ... 33Balthasar, tout d’abord, peut soutenir notre approche. En se fondant sur la lecture de pages qui deviendront le MĂ©moire sur l’occasion de mes Ă©crits, il fut en effet le premier Ă  qualifier d’ organique » l’ensemble des travaux de son ami. Il montrait ainsi qu’à l’intĂ©rieur de la multiplicitĂ© des sujets, 
 il rĂšgne une unitĂ© organique manifeste48 ». Or, si l’Ɠuvre tout entiĂšre Ă©tait qualifiĂ©e de cette maniĂšre, son premier volume recevait Ă©galement une note caractĂ©ristique celle de la synthĂšse ». La hauteur de la vision [lubacienne] donne la mesure de la vigueur avec laquelle l’élan de la pensĂ©e se fait sentir dans l’ensemble de l’Ɠuvre – depuis la synthĂšse hardiment construite dans Catholicisme jusqu’à l’étude 
 sur Pic de la Mirandole49 ». 50 Le thĂ©ologien suisse Ă©crivit un article trĂšs proche de celui de Lubac von Balthasar, ThĂ©o ... 51 Balthasar ‑ Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac
, p. 50-51. 52 Balthasar ‑ Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac
, p. 66, note 6. 34Le vocabulaire lubacien de l’unitĂ© se retrouve dans les termes employĂ©s ici. Chez le jĂ©suite, l’unitĂ© rĂ©elle est toujours organique » ; et sa saisie rĂ©flexive ne sera jamais mieux rendue que par une synthĂšse » strictement construite. Pour autant, nous avons vu que cette construction ne peut atteindre son objectif qu’en rĂ©solvant le problĂšme des oppositions complĂ©mentaires. LĂ  encore, Balthasar ouvrait la voie, Ă©voquant l’idĂ©e d’un centre trĂšs tĂŽt, H. de Lubac se rendit compte que sa position le mettait en un centre flottant dans lequel il ne pouvait pratiquer aucune philosophie sans son dĂ©passement dans la thĂ©ologie, ni d’ailleurs aucune thĂ©ologie sans sa substructure essentielle et intime de philosophie ». En Ă©cho Ă  Sur la philosophie chrĂ©tienne » de notre auteur 193650, nous retrouvons dans ces termes l’articulation du paradoxe » qui s’expose partout ailleurs ce centre, poursuit Balthasar, fut 
 l’élĂ©ment vital de sa [Lubac] pensĂ©e ; au dĂ©but ce fut en opposition Ă  la dichotomie moderne telle que Cajetan l’avait introduite dans son interprĂ©tation de Thomas ; aujourd’hui c’est en opposition Ă  une nouvelle forme de schizophrĂ©nie chrĂ©tienne qui s’incline 
 devant le rationalisme et le sĂ©cularisme 
 scientifiques postkantiens51 ». Les termes de dichotomie » et de schizophrĂ©nie » indiquent parfaitement ce contre quoi Lubac voulut toujours lutter ; Balthasar le percevait bien qui, sans parler ici de paradoxe », l’évoquait encore par son attention Ă  l’idĂ©e [lubacienne] de l’équilibre antinomique, du rythme des oppositions, de l’ascension dialectique52 ». 53 von Balthasar, ThĂ©ologie et sainteté  », p. 28. L’auteur poursuit la tragique scission ... 54 Aujourd’hui, Ă©crit-il encore, cet aspect historique de la RĂ©vĂ©lation, comme Ă©vĂ©nement et rĂ©alitĂ©, ... 35Ces mots montrent que l’ami d’Henri de Lubac concevait bien le travail de ce dernier comme l’expression d’un constant effort au service de l’unitĂ© de la rĂ©vĂ©lation chrĂ©tienne. Ceci Ă©tant, Balthasar ne va pas – pour ce qui concerne Catholicisme – jusqu’à rĂ©flĂ©chir sur le positionnement spĂ©cifique des diverses parties constituant cette Ɠuvre. Le caractĂšre historique du dogme chrĂ©tien, pour fondamental qu’il soit, ne reçoit pas de fonction particuliĂšre Ă  l’intĂ©rieur de cette unitĂ© paradoxale. La thĂ©ologie, Ă©crivait-il, trouve dans le dessein de la RĂ©vĂ©lation mĂȘme l’échelle exacte de sa forme et de sa structure. Ce qui est important Ă  la substance de la RĂ©vĂ©lation doit l’ĂȘtre aussi Ă  la thĂ©ologie53 ». Cela vaut nĂ©cessairement Ă  propos de l’histoire54. L’accord de fond des deux thĂ©ologiens est donc sans ambiguĂŻtĂ©. Notre proposition de lecture de Catholicisme Ă©pouse ainsi la perception balthasarienne ; mais elle la prolonge. 36Peut-ĂȘtre permettrait-elle, par extension, de mieux voir les dĂ©placements internes dans les travaux postĂ©rieurs du PĂšre de Lubac. En soutenant d’emblĂ©e l’idĂ©e d’organicitĂ©, Balthasar a créé un mouvement auquel la majoritĂ© des interprĂštes se rallie la thĂ©ologie lubacienne serait Ă  ce point structurĂ©e que chacun de ses travaux trouve son anticipation dans Catholicisme. Une telle vue, sans ĂȘtre absolument fausse, ne fait pas suffisamment droit aux Ă©volutions subsĂ©quentes du jĂ©suite ni aux hĂ©sitations dont sa premiĂšre Ɠuvre conserve la marque. Mais, plus encore, elle ne permet pas de rĂ©flĂ©chir avec suffisamment d’attention la valeur du point central de la thĂ©ologie lubacienne. Tout en recevant un point d’appui Ă©vident dans l’idĂ©e d’organicitĂ© mise en avant par Balthasar, notre hypothĂšse de lecture permet donc d’interpeller avec plus de force la valeur opĂ©ratoire du centre de la synthĂšse du dogme chrĂ©tien l’histoire. c. Laurent Villemin ouverture sur les sens de l’Écriture 55 Villemin, FĂ©condité  », p. 107. 108. 37Dans un article dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©, Laurent Villemin Ă©crivait que l’ approfondissement de la foi [que sert l’articulation entre personnel » et social »] renvoie chez de Lubac Ă  une intelligence des Livres Saints ». À tel point que le travail d’Henri de Lubac sur les sens de l’Écriture trouve ici un Ă©clairage nouveau en tant qu’il permet de comprendre l’articulation entre l’aspect social, historique et intĂ©rieur du Christianisme55 ». Cette lecture va permettre de rĂ©soudre la difficultĂ© relevĂ©e Ă  propos de la restitution, par Lubac, de l’agencement de son propre travail. Comment comprendre l’inversion des deux premiers termes social » et historique », accompagnĂ©e d’une Ă©viction presque systĂ©matique du troisiĂšme personnel » ? 56 Il y aurait probablement lieu de relier cette analyse Ă  la distinction que Lubac fait entre le syst ... 38Catholicisme, en rĂ©alitĂ©, est traversĂ© par deux perspectives. La premiĂšre correspond au principe du paradoxe » ou de la corrĂ©lation » que nous avons dĂ©gagĂ© plus tĂŽt. Sa logique est synchronique. Ici, l’histoire est centrale en elle s’opĂšre cette alchimie secrĂšte entre la sociĂ©tĂ© et la personne individuelle. La seconde perspective rĂ©pond Ă  celle des sens de l’Écriture » sa logique est diachronique. Dans cette seconde orientation, l’histoire prĂ©cĂšde le social ; et la dimension personnelle ou spirituelle vient au terme d’un chemin conduisant le croyant toujours plus au cƓur du MystĂšre56. 39La confirmation rencontrĂ©e dans la lecture de Balthasar appelait un prolongement une analyse plus approfondie du rĂŽle de l’histoire dans la corrĂ©lation entre le caractĂšre social et le caractĂšre personnel du dogme. En relevant le lien entre le paradoxe de Catholicisme et le sens spirituel de l’Écriture, l’approche de Villemin invite Ă  ce pas supplĂ©mentaire selon la perspective envisagĂ©e, la rĂ©alitĂ© de l’histoire ne rĂ©pond pas de la mĂȘme nĂ©cessitĂ©. Autrement dit, la structuration organique de Catholicisme ne peut pas rester figĂ©e. Au contraire elle doit pouvoir s’ouvrir pour qu’une intĂ©gration progressive de la portĂ©e spirituelle de l’économie du salut puisse se faire. Les deux perspectives reconnues, en ce sens, ne sont pas simplement deux maniĂšres de voir distinctes. Il ne s’agit pas d’options thĂ©ologiques se suffisant Ă  elles-mĂȘmes. La saisie de l’organicitĂ© de la foi chrĂ©tienne selon laquelle l’histoire est au centre du mystĂšre n’a vraiment de sens que si elle peut se dĂ©ployer Ă  travers la logique ascendante de l’intelligence spirituelle en ce cas, l’histoire est premiĂšre. 40Cette perception complĂ©mentaire du donnĂ© rĂ©vĂ©lĂ© va permettre de mieux saisir le regard Ă  poser sur le mystĂšre de la croix. De cette maniĂšre, c’est l’acte thĂ©ologique lui-mĂȘme qui va trouver ici un principe particulier d’explication. d. Philippe Vallin le Christ au service de l’unitĂ© 57 Ph. Vallin, La mĂ©thode de Catholicisme le choix de la coupe sagittale pour une vision unifiante ... 58 Plan vertical, perpendiculaire au plan de face », explique Le petit Robert. 59 Le procĂ©dĂ© de la coupe sagittale 
 apportera proprement deux bĂ©nĂ©fices Ă  l’évidence une plus ... 41Le titre d’une Ă©tude de Philippe Vallin indique l’intĂ©rĂȘt qu’elle peut revĂȘtir dans le cadre de notre recherche la mĂ©thode de Catholicisme57 ». À travers une distinction empruntĂ©e Ă  l’anatomie, l’auteur s’inscrit directement dans l’idĂ©e d’organicitĂ© de la pensĂ©e lubacienne. À une coupe frontale » du dogme, qui risque d’éclater les mystĂšres divins en autant de traitĂ©s thĂ©ologiques autonomes, le PĂšre Vallin substitue une coupe sagittale58 ». Ces deux coupes » rĂ©pondent Ă  deux maniĂšres d’envisager le travail thĂ©ologique dans un cas, chaque aspect du mystĂšre est considĂ©rĂ© selon sa logique propre ; dans l’autre, les divers aspects ne sont apprĂ©ciables qu’en dĂ©pendance des autres, de la totalitĂ© du MystĂšre. Dans l’absolutisation du premier, nous aboutirions Ă  une thĂ©ologie des manuels, contre laquelle le PĂšre de Lubac s’est dĂ©pensĂ©. À l’opposĂ©, Catholicisme dĂ©couvre une tournure nouvelle de l’acte thĂ©ologique, que l’image de la coupe sagittale » cherche Ă  dessiner59. 42Notre lecture de Catholicisme s’inscrit ainsi directement dans la continuitĂ© de celle proposĂ©e par Vallin. Pour celui-ci, Lubac fait apparaĂźtre ses thĂšmes thĂ©ologiques dans leur corrĂ©lation constitutive, ce qui suppose le rĂŽle indispensable d’un centre ». Mais sa maniĂšre de considĂ©rer le rĂŽle de ce pĂŽle central va arrĂȘter notre attention 60 Vallin, La mĂ©thode
 », p. 64. On aura 
 mieux compris le projet du P. de Lubac dans Catholicisme, si l’on reconnaĂźt avec lui que cette scission tragique qui affecte la crĂ©ation aprĂšs le pĂ©chĂ©, risque d’affecter jusqu’à l’exposition mĂȘme des mystĂšres de la foi au lieu qu’on y trouve comme dans l’Écriture la marque mĂȘme et l’énergie de leur rĂ©union60. 61 Vallin, La mĂ©thode
 », p. 63. Cela renvoie Ă  H. de Lubac, Catholicisme
, p. 19. 161-162. 43Cette derniĂšre idĂ©e mĂ©rite d’ĂȘtre creusĂ©e. De la scission entre les hommes, due au pĂ©chĂ©, Ă  la dualitĂ© rencontrĂ©e dans l’exposĂ© thĂ©ologique, y a-t-il continuitĂ© directe ? Vallin fait remarquer que le PĂšre de Lubac rend compte, par deux fois, de maintes dualitĂ©s mal assumĂ©es » il s’agit essentiellement de la lutte entre la chair et l’esprit » et de l’opposition entre Juifs et Gentils61 ». La proximitĂ© entre ces deux oppositions conduit presque invinciblement Ă  une explication parallĂšle. Pour autant, Lubac distingue davantage les plans certains aspects de l’existence sont relatifs au pĂ©chĂ© et Ă  la destruction de l’unitĂ© primitive. Ils appellent un rĂ©tablissement entier. D’autres Ă©lĂ©ments, du fait mĂȘme du paradoxe », sont liĂ©s Ă  l’exposĂ© ou Ă  l’intelligence de la rĂ©vĂ©lation. Ceux-ci n’appellent pas de dĂ©passement ou de rĂ©solution. Dans un cas comme dans l’autre, si le Christ joue un rĂŽle essentiel, son efficacitĂ© diffĂšre. 62 Lubac, Catholicisme
, p. 13-14. Du haut de sa croix, les bras Ă©tendus il [le Christ] rassemblera ... 44Dans une premiĂšre sĂ©rie de dualitĂ©s », symbolisĂ©e par l’opposition entre Juifs et Gentils, notre auteur se rĂ©fĂšre Ă  la conception patristique selon laquelle le pĂ©chĂ© rompt l’unitĂ© absolue de la crĂ©ation. Pour les PĂšres, le pĂ©chĂ© a voilĂ© cette clartĂ© initiale. Cette blessure attendait son mĂ©decin. La croix apparaĂźt alors comme langage de misĂ©ricorde pour un rĂ©tablissement maintenons-nous dans la perspective ancienne, propose Lubac Ɠuvre de restauration, la RĂ©demption nous apparaĂźt par le fait mĂȘme comme le rĂ©tablissement de l’unitĂ© perdue. 
 Le Christ est cette aiguille qui, douloureusement percĂ©e lors de la passion, 
 rĂ©pare ainsi la tunique jadis dĂ©chirĂ©e par Adam, cousant ensemble les deux peuples, celui des Juifs et celui des Gentils, et les faisant un pour toujours62 ». La rĂ©ponse au pĂ©chĂ© est une unitĂ© retrouvĂ©e, une paix restaurĂ©e. La division est dĂ©passĂ©e, pardonnĂ©e. 63 Lubac, Catholicisme
, p. 284. 45Dans la seconde sĂ©rie de dualitĂ©s », signifiĂ©e par l’opposition entre chair et esprit, la visĂ©e n’est pas identique. Dans cet autre contexte, Ă©crit Lubac, la rĂ©vĂ©lation » elle-mĂȘme nous offre un couple d’affirmations qui paraissent d’abord discontinues ou mĂȘme contradictoires » ; or, de ces contradictions, nulle rĂ©conciliation, nulle rĂ©unification ultĂ©rieure n’est attendue. Si la logique de la rĂ©vĂ©lation impose de dĂ©passer le plan superficiel oĂč les contradictions s’étalent », ce n’est pas dans l’attente d’un passage Ă  une unitĂ© supĂ©rieure. Il s’agit de pĂ©nĂ©trer en des rĂ©gions plus profondes oĂč ce qui 
 Ă©tait scandale devient tĂ©nĂšbre lumineuse63 ». Ici, le langage de la croix, comme parole de misĂ©ricorde, dĂ©voile une perspective nouvelle celle de la prodigalitĂ©. En faisant entrer l’homme dans l’amitiĂ© divine, Dieu ouvre Ă  l’intelligence de l’homme des perspectives absolument neuves. Le Verbe, dans le fait mĂȘme de la croix, assume la logique duelle. Le christocentrisme de la foi, ici, ne regarde plus la croix comme Ă©tape pour un rĂ©tablissement mais comme consĂ©cration et authentification de la forme de la rĂ©vĂ©lation. Nous retrouvons la caractĂ©ristique du mouvement lubacien du paradoxe, qui tient ensemble les termes opposĂ©s pour ouvrir le chemin d’une mystique authentique. S’il est une lumiĂšre nouvelle Ă  espĂ©rer, celle-ci provient de l’intussusception du MystĂšre rĂ©vĂ©lĂ©, lequel se donne sous une forme Ă©nigmatique parce qu’antinomique la croix en est le sceau resplendissant. 46Autrement dit, si nous reprenons les termes du PĂšre Vallin, il faut dire qu’il y a un risque » que la scission tragique qui affecte la crĂ©ation 
 affect[e] jusqu’à l’exposition mĂȘme des mystĂšres de la foi ». Mais, en ce qui concerne l’ exposition des mystĂšres », la faute ne tient pas Ă  l’impossibilitĂ© de parvenir Ă  une unitĂ© supĂ©rieure. Bien plutĂŽt le pĂ©chĂ© fausserait l’intelligence en cherchant Ă  dĂ©passer les dichotomies du langage divin par un regard qui se voudrait unifiant mais qui, au final, serait une mutilation. Les deux perspectives que Vallin met au jour ne sont donc pas superposables. Dans un cas, celui de la situation post-lapsaire, l’unitĂ© est un but auquel on ne peut renoncer sans pĂ©cher contre l’espĂ©rance. Dans l’autre, on pĂšcherait contre la prudence et l’humilitĂ© devant le mystĂšre en voulant rĂ©soudre les termes opposĂ©s. 64 Qui s’engagerait dans cette rĂ©flexion aurait ainsi Ă  indiquer comment le mystĂšre de la croix est bi ... 65 Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale
 », p. 94. 47Le mystĂšre de la croix, cependant, n’est pas double entre ces deux orientations la continuitĂ© est indirecte ou, plus justement, intĂ©rieure. Il faudrait alors rĂ©flĂ©chir le lien entre la division de l’humanitĂ© et l’accueil de la rĂ©vĂ©lation qui, dans son affirmation de Dieu, ne peut dĂ©passer les oppositions sans retomber dans la nĂ©gation64. Il y a thĂ©ologie, Ă©crit Ă  ce sujet Moulins-Beaufort, parce que la RĂ©demption est aussi RĂ©vĂ©lation65 ». * ** 48Partis du simple constat que le plan de Catholicisme n’est pas si aisĂ© qu’on le voudrait Ă  interprĂ©ter, nous aboutissons Ă  un regard d’ensemble sur l’acte thĂ©ologique du PĂšre de Lubac. Celui-ci est fortement marquĂ© par l’Ɠuvre d’unitĂ© pour laquelle le Christ s’est fait chair et, de ce fait, par la place de l’histoire. Mais son rĂŽle et, en son sein, celui de la Croix du Seigneur, diffĂšrent selon la perspective envisagĂ©e. Dans le premier ouvrage du jĂ©suite, deux orientations se croisent, qu’illustrent les deux maniĂšres par lesquelles il rĂ©sume le mouvement tripartite de son Ă©tude. 49D’un cĂŽtĂ©, quand il s’agit de prendre en compte l’unitĂ© de la crĂ©ation brisĂ©e par le pĂ©chĂ© et la mort, le croyant doit partir de l’acte du Christ inscrit dans l’histoire. Celui-ci est premier ; il est appelĂ© Ă  se dĂ©ployer pour que l’unitĂ© soit pleinement restaurĂ©e par le jeu de l’intelligence spirituelle, la foi conduit ainsi sur un chemin d’intĂ©riorisation du mystĂšre. Il s’agit, en ce cas, de l’enchaĂźnement diachronique des trois caractĂ©ristiques du dogme chrĂ©tien historique – social – personnel. Lubac l’évoque trĂšs rĂ©guliĂšrement, inversant l’ordre des parties de Catholicisme. S’il n’indique jamais les raisons de ce changement, la lecture proposĂ©e a permis d’en prendre conscience. Par-lĂ , nous percevons que le principe de l’intelligence spirituelle, pour Henri de Lubac, n’est pas un exercice dĂ©sincarnĂ©. Bien au contraire l’unitĂ© recherchĂ©e est profondĂ©ment liĂ©e Ă  l’ancrage de l’évĂ©nement de la croix dans la premiĂšre Alliance, ainsi qu’à ses rĂ©percussions dans notre existence. 50En revanche, dans le domaine de l’intelligence rĂ©flexive du mystĂšre et de son unitĂ© fondamentale, le chrĂ©tien opĂšre de maniĂšre synchronique. N’étant plus, en ce cas, dans la perspective d’intĂ©gration existentielle de l’unitĂ© brisĂ©e par le pĂ©chĂ©, il n’y a pas de dĂ©passement des oppositions Ă  attendre. L’enchaĂźnement des trois parties donnĂ©es effectivement dans Catholicisme se rĂ©fĂšre Ă  cette logique ; ici, la place du Christ et de l’histoire est centrale c’est au cƓur de son mystĂšre que peuvent se rencontrer les aspirations sociale ou personnelle de la foi, de mĂȘme que toutes les oppositions que celle-ci met en avant. L’unitĂ©, de ce point de vue, n’est pas Ă  attendre comme un moment lointain elle est Ă  saisir dans l’acte d’intelligence du mystĂšre qui, Ă  ce point, se mue en Ă©lan mystique. 66 Lubac, Catholicisme
, p. 20. 67 Lubac, Catholicisme
, p. 20. 51MarquĂ©e par la profondeur des divisions dues au pĂ©chĂ© des hommes, la thĂ©ologie du PĂšre de Lubac cherche ainsi Ă  montrer la route de l’unitĂ©. Celle-ci se prĂ©sente sous un double aspect. Le premier fait Ă©cho au dĂ©sir d’unitĂ© retrouvĂ©e et nous rejoint au plus concret de notre existence. Le second s’appuie sur la capacitĂ© de l’intelligence de se laisser fĂ©conder par les antinomies de la pensĂ©e et de la vie. Le premier ouvrage de Lubac ne cesse de nous faire passer d’un point de vue Ă  l’autre ; et toute son Ɠuvre thĂ©ologique est ainsi portĂ©e par cette double attention. Nous pouvons dĂšs lors comprendre avec plus de prĂ©cision ces mots de notre auteur l’harmonie primitive, dĂ©truite aussitĂŽt que posĂ©e, sera reconstruite Ă  travers des Ă©preuves sans nombre, mais dans une complexitĂ© plus riche et selon un plan embelli66 ». La restauration envisagĂ©e par le dogme chrĂ©tien n’est pas un simple retour Ă  la situation antĂ©-lapsaire c’est un rĂ©tablissement qui ouvre une voie d’expansion du MystĂšre et d’enrichissement de son impression dans le cƓur qui l’accueille ; felix culpa, – mirabilius reformasti », rappelait le jĂ©suite67. Haut de page Notes 1 von Balthasar, Catholique, coll. Communio, Paris, Fayard, 1976, p. III. Autre exemple M. le chanoine Bardy Ă©crivait rĂ©cemment que si l’on faisait un scandaleux abus de compliments sur “les livres qui s’imposent”, il venait d’en lire un qui, par exception, effectivement, “s’impose” – et c’est le magnifique ouvrage du R. P. de Lubac, S. J., sur les aspects sociaux du dogme », SupplĂ©ment Ă  la “Vie spirituelle” 57 1938, p. 123. 2 Les actes du colloque sont rassemblĂ©s dans Henri de Lubac l’Église dans l’histoire », Communio 33/5 2008. La citation est tirĂ©e de l’éditorial É. de Moulins-Beaufort, Henri de Lubac l’Église dans l’histoire des hommes », Ibid., p. 8. Outre ceux sur qui seront Ă©voquĂ©s directement dans ces pages, signalons quelques travaux Calvez, Relire “Catholicisme” de Henri de Lubac », Études 3754 1991, p. 371‑378 ; D. Bertrand, Patristique et apologĂ©tique. Catholicisme », Bulletin de l’Institut Catholique de Lyon, 118 1997, p. 17‑29 ; M. Figura, L’extension catholique selon le premier ouvrage de Henri de Lubac, Catholicisme », Communio 37/6 2012, p. 33‑48. 3 L. Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique », Communio 33/ 5 2008, p. 104. 4 É. de Moulins-Beaufort, “À plusieurs un seul corps”. Les dimensions eucharistiques de l’unitĂ© selon Henri de Lubac », Communio 39/ 6 2014, p. 23. 30. 5 J. Maritain, Distinguer pour unir ou les degrĂ©s du savoir, Paris, 1932. 6 H. de Lubac, Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme, ƒuvres complĂštes, t. 7, Paris, Cerf, p. 287. 7 H. de Lubac, Augustinisme et thĂ©ologie moderne, ƒuvres complĂštes, t. 13, Paris, Cerf, 2008, p. XXIV. Nous soulignons. On notera ce commentaire “unir pour distinguer” cet aphorisme d’origine blondĂ©lienne indique la volontĂ© de ne pas se mettre en position dĂ©fensive pour Ă©clairer ce que dit le christianisme », G. Chantraine, La thĂ©ologie du surnaturel selon Henri de Lubac », 119 1997, p. 226. 8 Parmi les trĂšs nombreux travaux sur le paradoxe lubacien, on peut se rĂ©fĂ©rer Ă  V. Franco Gomes, Le paradoxe du dĂ©sir de Dieu. Étude sur le rapport de l’homme Ă  Dieu selon Henri de Lubac, coll. Études lubaciennes, 4, Paris, Cerf, 2005. 9 H. de Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale. Les quatre sens de l’Écriture, t. 1, coll. ThĂ©ologie, 41, Paris, Aubier-Montaigne, 1959, p. 333-334. 10 H. de Lubac, Paradoxes, ƒuvres complĂštes, t. 31, Paris, Cerf, 1999, p. 71-72. Rappelons cette sĂ©rie d’énumĂ©rations typiquement lubacienne Dieu crĂ©e le monde pour sa gloire, 
 et cependant par bontĂ© pure ; l’homme est actif et libre, et cependant il ne peut rien sans la grĂące 
 ; la vision de Dieu est un don gratuit, et pourtant son dĂ©sir s’enracine au plus profond de tout esprit
 », H. de Lubac, Catholicisme
, p. 284. 11 H. de Lubac, Surnaturel. Études historiques, Paris, Lethielleux – 2010, p. 484. 12 H. de Lubac, Les Églises particuliĂšres dans l’Église universelle, Paris, Aubier-Montaigne, 1971, p. 50-51. 13 H. de Lubac, MĂ©moire sur l’occasion de mes Ă©crits, ƒuvres complĂštes, t. 33, Paris, Cerf, 2006, p. 135. 14 Dans sa thĂšse, Bertrand Dumas a mis en avant l’indispensable fonction de l’intelligence des Écritures pour comprendre le rapport entre thĂ©ologie et mystique. Voir B. Dumas, Mystique et thĂ©ologie d’aprĂšs Henri de Lubac, coll. Études lubaciennes, 8, Paris, Cerf, 2013. 15 Bien des exemples de cette logique pourraient ĂȘtre relevĂ©s dans les travaux lubaciens, notamment ses premiers articles. Une bonne illustration se rencontre dans l’articulation entre pouvoir temporel » et pouvoir spirituel ». L’un et l’autre ne peuvent se rencontrer et se fĂ©conder mutuellement qu’à l’intĂ©rieur de la conscience personnelle. Voir H. de Lubac, Le pouvoir de l’Église en matiĂšre temporelle », Revue des Sciences Religieuses. 12 1932, p. 329-354. Repris sous le titre L’autoritĂ© de l’Église en matiĂšre temporelle », dans ThĂ©ologies d’occasion, Paris, 1984, p. 215-254. 16 G. Chantraine, La “corrĂ©lation radicale” des Églises particuliĂšres et de l’Église universelle chez Henri de Lubac », Ecclesia tertii millenii advenientis. Omaggio al P. Ángel AntĂłn, F. Chica, S. Panizzolo et H. Wagner Ă©d., Piemme, Casale Monferrato, 1997, p. 82. 17 G. Chantraine – Lemaire., Henri de Lubac, t. 4 Concile et aprĂšs-Concile 1960-1991, coll. Études lubaciennes, 9, Paris, Cerf, 2013, p. 70. 18 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique
 », p. 104. Cette lecture, trop rapide, conduit Ă  une reprise faussĂ©e des termes de Lubac la clef qui permet de rĂ©soudre cette aporie potentielle entre unitĂ© et distinction, et donc entre personnelle et universelle, est la catĂ©gorie d’union », Ibid., p. 104-105. Outre que les deux pages de Catholicisme sur lesquelles l’auteur fonde cette remarque tĂ©moignent, par deux fois, d’une quasi-identitĂ© entre antinomie » et paradoxe », il en vient surtout Ă  poser une aporie potentielle » entre unitĂ© et distinction qui ne trouve pas de fondement dans la pensĂ©e de Lubac. Ces deux termes, nous l’avons vu prĂ©cĂ©demment, ne sont jamais opposĂ©s dialectiquement. Ils sont intĂ©grĂ©s l’un dans l’autre, de telle sorte qu’on ne peut mettre en parallĂšle l’antinomie apparente entre unitĂ© et distinction » et celle qui oppose effectivement le personnel et l’universel ». 19 Lettre de Lubac Ă  G. Fessard, du 23 mars 1938. CitĂ©e par J. Stern, PrĂ©sentation » Ă  H. de Lubac, Catholicisme
, p. XIV. 20 Catholicisme met au jour des suspicions dĂ©jĂ  anciennes Ă  l’endroit de son auteur. DĂšs le temps du scolasticat, solidaire en cela de toute une gĂ©nĂ©ration, le jeune religieux attirait sur lui des regards soupçonneux ; une mĂ©fiance qui ira en s’amplifiant Ă  mesure de son enseignement et, plus encore, de ses publications. 21 H. de Lubac, MĂ©moire
, p. 25. 22 J. Stern, PrĂ©sentation » Ă  H. de Lubac, Catholicisme
, p. II. 23 Congar, Sainte Église. Études et approches ecclĂ©siologiques, coll. Unam Sanctam, 41, Paris, Cerf, 1963, p. 521. L’auteur continue les douze chapitres qui le [Catholicisme] composent se suivent sans qu’il y ait entre eux un lien rigoureux et surtout un progrĂšs continu de la pensĂ©e ». 24 Wagner, Henri de Lubac, coll. Initiations aux thĂ©ologiens, Paris, Cerf, 2007, p. 154. 25 Lubac, MĂ©moire
, p. 25-26. 26 Reprenons ce passage-clĂ© dans sa totalitĂ© Le dilemme [de l’unitĂ©] ne peut ĂȘtre complĂštement surmontĂ© par aucune logique abstraite, qu’elle soit du concept ou du jugement, qu’elle fonctionne selon la loi d’identitĂ© ou selon la loi de participation. Il y faut Ă  la base une aperception rĂ©elle, qui saisisse d’un seul regard, hors de toute intuition spatiale, le lien du personnel et de l’universel. Mais il ne suffit pas que ce lien soit conçu pour qu’il se rĂ©alise. L’idĂ©e de l’unitĂ© n’est pas l’unitĂ© mĂȘme », H. de Lubac, Catholicisme
, p. 297. 27 L’un des prĂ©jugĂ©s les plus enracinĂ©s contre la religion catholique est qu’elle 
 n’offre plus un idĂ©al capable de rallier les hommes d’aujourd’hui, soucieux avant tout d’une mystique communautaire ». Ces mots sont tirĂ©s d’une recension non signĂ©e qui est un bon exemple de l’éclectisme dĂ©plorĂ© par Lubac c’est clairement la premiĂšre partie qui retient ici l’attention. L’auteur insiste sur les services rendus par cet ouvrage pour l’ apostolat social ». Voir le SupplĂ©ment Ă  “La vie spirituelle” 57 1938, p. 123-125. Ceci Ă©tant, l’auteur termine en invitant Ă  retrouve[r] », dans Catholicisme, le secret de l’unitĂ© ». On ne saurait mieux dire. 28 von Balthasar – G. Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac. L’homme et son Ɠuvre, coll. Le sycomore, Paris – Namur, Lethielleux – Culture et vĂ©ritĂ©, 1983, p. 67. 29 von Balthasar – G. Chantraine, Le cardinal
, p. 67. 30 A. Russo, Henri de Lubac. Bibliographie, Paris, Brepols, 1997, p. 85. von Balthasar – G. Chantraine, Le cardinal
, p. 74. 31 Wagner, Henri de Lubac
, p. 157. 32 É. de Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale de Catholicisme », Communio 33/5 2008, p. 89. 33 P. Vallin, Catholicisme le P. de Lubac au seuil d’une Ɠuvre », ThĂ©ophilyon 9/3 2004, p. 70. 34 A. Russo, L’idĂ©e de solidaritĂ© dans Catholicisme 1938 », 44 2013, p. 72. Mais le mĂȘme auteur Ă©crivait, quelques pages auparavant, que la troisiĂšme partie se prĂ©occupe surtout de dissiper quelques malentendus », ibid., p. 58. 35 Wagner, Henri de Lubac
, p. 154. 36 Lubac, ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale
, t. 1, p. 192. 37 En gros, l’on peut dire que l’ouvrage veut montrer le caractĂšre Ă  la fois social, historique et intĂ©rieur du christianisme, cette triple note lui confĂ©rant ce caractĂšre d’universalitĂ© et de totalitĂ© exprimĂ© au mieux par le mot “catholicisme” », Lubac, MĂ©moire
, p. 25. 38 Villemin, FĂ©conditĂ© ecclĂ©siologique
 », p. 104. 39 Il indique ainsi le projet de la troisiĂšme partie examiner comment le catholicisme exalte les valeurs personnelles 
 et comment son double caractĂšre historique et social n’est pas Ă  comprendre en un sens purement temporel et terrestre » p. XIII. Voir Ă©galement loin d’attĂ©nuer le caractĂšre historique et social de la religion d’IsraĂ«l » p. 135 ; on aperçoit peut-ĂȘtre maintenant comment le caractĂšre historique que nous avons reconnu au christianisme, autant que son caractĂšre social, assure le sĂ©rieux de ce rĂŽle » p. 288 ; le double caractĂšre historique et social que nous avons reconnu au catholicisme
 » p. 308 ; il faut, en faisant le procĂšs de ce “social” entiĂšrement temporalisĂ© qui domine aujourd’hui partout les esprits, et qui n’hĂ©rite qu’en le dĂ©gradant du caractĂšre historique et social de notre foi
 » p. 313. On retrouve la mĂȘme expression dans H. de Lubac, Histoire et Esprit
, p. 420. 40 Par exemple, au dĂ©but du chapitre XI mettre en relief autant que nous l’avons fait le caractĂšre social du dogme et ce qu’on pourrait appeler l’élĂ©ment unitaire du catholicisme, n’est-ce pas diminuer ou obscurcir dangereusement cette autre vĂ©ritĂ©, non moins essentielle, que le salut est pour chacun affaire personnelle », Lubac, Catholicisme
, p. 283 ; nous soulignons. Autre exemple l’homme social, l’homme historique de Marx n’a que deux dimensions. Le sentiment de l’Éternel 
 doit lui restituer sa profondeur », ibid., p. 316-317 ; nous soulignons. Un contre-exemple de cette vision sociale et historique du monde que le christianisme nous a communiquĂ©e, elle [l’Église] sait tirer les consĂ©quences », ibid., p. 207 ; ici, le troisiĂšme terme n’est pas Ă©voquĂ©. 41 H. de Lubac, Le caractĂšre
 », p. 265. 42 Lubac, Catholicisme
, p. 138. Nous soulignons. 43 H. de Lubac, La recherche d’un homme nouveau », dans Affrontements mystiques, ƒuvres complĂšte, t. 4, p. 270. Également mystĂšre Ă  la fois historique et spirituel, intĂ©rieur et social », ExĂ©gĂšse mĂ©diĂ©vale
, p. 196. Une autre fois, on lit il fallait [au temps de Renan] aussi prĂ©venir le double mirage, mirage d’un pseudo-mysticisme social et mirage d’un nouveau millĂ©narisme », Catholicisme
, p. 264 ; on passe alors du social » Ă  l’ historique ». S’agissant des sens spirituels de l’Écriture, Lubac reprend l’image de la triple note » concernant cette interprĂ©tation [qui] se prĂ©sente Ă  la fois comme spirituelle, historique et sociale », Catholicisme
, p. 157. 44 Lubac, Catholicisme
, p. 138. Ce passage ce situe dans le premier chapitre de la deuxiĂšme partie Le christianisme et l’histoire ». 45 Lubac en donnait d’ailleurs une idĂ©e dĂšs son quatriĂšme chapitre les premiĂšres gĂ©nĂ©rations chrĂ©tiennes avaient un sentiment trĂšs vif de cette solidaritĂ© de tous les individus et des diverses gĂ©nĂ©rations dans la marche vers un mĂȘme salut. 
 C’était l’espoir du salut de la communautĂ©, condition de salut des individus ». Il Ă©voquait Ă©galement une inclusion de l’espoir personnel dans la grande espĂ©rance commune », Lubac, Catholicisme
, p. 92. 46 Lubac, Catholicisme
, p. 297. 47 H. de Lubac, Le drame de l’humanisme athĂ©e, ƒuvres complĂštes, t. 2, Paris, Cerf, 1998, p. 111. 48 von Balthasar ‑ G. Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac
, p. 46. Voir aussi, Ibid., p. 58. 49 von Balthasar ‑ G. Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac
, p. 59 ; formulation bientĂŽt rĂ©itĂ©rĂ©e Catholicisme nous engage 
 dans l’entreprise consistant Ă  construire, en Ă©vitant l’historicisme, une thĂ©ologie de vĂ©ritable synthĂšse Ă  partir des sources premiĂšres », Ibid, p. 74. 50 Le thĂ©ologien suisse Ă©crivit un article trĂšs proche de celui de Lubac von Balthasar, ThĂ©ologie et saintetĂ© », Dieu vivant 12 1948, p. 17-31. 51 Balthasar ‑ Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac
, p. 50-51. 52 Balthasar ‑ Chantraine, Le cardinal Henri de Lubac
, p. 66, note 6. 53 von Balthasar, ThĂ©ologie et sainteté  », p. 28. L’auteur poursuit la tragique scission de l’IdĂ©e et de l’Histoire se constitua de nouveau, et de nouveau en faveur d’un monde des IdĂ©es oĂč l’histoire n’avait pas de place. On cessa de voir dans la rĂ©vĂ©lation historique l’évĂ©nement qui s’impose Ă  l’intelligence et Ă  l’obĂ©issance comme toujours actuel », ibid., p. 29. 54 Aujourd’hui, Ă©crit-il encore, cet aspect historique de la RĂ©vĂ©lation, comme Ă©vĂ©nement et rĂ©alitĂ©, a disparu de la dogmatique. Elle abandonne son travail essentiel Ă  une prĂ©tendue “exĂ©gĂšse” qui, sans prendre conscience de son devoir dogmatique, le laisse aux historiens et aux philologues », von Balthasar, ThĂ©ologie et sainteté  », p. 28-29. 55 Villemin, FĂ©condité  », p. 107. 108. 56 Il y aurait probablement lieu de relier cette analyse Ă  la distinction que Lubac fait entre le systĂšme des trois ou des quatre sens de l’Écriture. Mais nous laissons cela de cĂŽtĂ© ici. On se reportera, notamment, Ă  la 1Ăšre section du 4e chapitre d’Histoire et Esprit Le triple sens de l’Écriture ». 57 Ph. Vallin, La mĂ©thode de Catholicisme le choix de la coupe sagittale pour une vision unifiante de la foi », Communio 33/5 2008, p. 55-66. 58 Plan vertical, perpendiculaire au plan de face », explique Le petit Robert. 59 Le procĂ©dĂ© de la coupe sagittale 
 apportera proprement deux bĂ©nĂ©fices Ă  l’évidence une plus grande justesse pour l’investigation d’un corps inscrit dans les trois dimensions de l’espace ; mais surtout le respect d’un facteur dĂ©cisif de la corporĂ©itĂ© humaine, la symĂ©trie latĂ©rale – avec l’exception des asymĂ©tries selon les cas – puisque l’homme est droitier ou gaucher ». Vallin, La mĂ©thode
 », p. 62. 60 Vallin, La mĂ©thode
 », p. 64. 61 Vallin, La mĂ©thode
 », p. 63. Cela renvoie Ă  H. de Lubac, Catholicisme
, p. 19. 161-162. 62 Lubac, Catholicisme
, p. 13-14. Du haut de sa croix, les bras Ă©tendus il [le Christ] rassemblera les parties disjointes de la crĂ©ation. 
 Par son unique Sacrifice, il fera donc de toutes les nations un seul Royaume », Lubac, Catholicisme
, p. 19-20. 63 Lubac, Catholicisme
, p. 284. 64 Qui s’engagerait dans cette rĂ©flexion aurait ainsi Ă  indiquer comment le mystĂšre de la croix est bien centre » unique et essentiel le langage de misĂ©ricorde et de pardon Ă©tant alors reconnu comme principe intĂ©rieur d’unitĂ© de la rĂ©vĂ©lation qui se dira toujours en paradoxe. Le rĂ©tablissement acquis par l’acte rĂ©dempteur indique une rĂ©unification certaine ; mais la saisie rĂ©flexe, intellectuelle et spirituelle, de cette unitĂ© retrouvĂ©e, en vertu du mĂȘme sacrifice de rĂ©demption, doit accueillir les contradictions. 65 Moulins-Beaufort, ActualitĂ© paradoxale
 », p. 94. 66 Lubac, Catholicisme
, p. 20. 67 Lubac, Catholicisme
, p. 20. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Emmanuel Decaux, La place de l’histoire dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne l’intuition d’Henri de Lubac et le plan de Catholicisme », Revue des sciences religieuses, 89/2 2015, 201-220. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Emmanuel Decaux, La place de l’histoire dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne l’intuition d’Henri de Lubac et le plan de Catholicisme », Revue des sciences religieuses [En ligne], 89/2 2015, mis en ligne le 01 avril 2017, consultĂ© le 26 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
Icila formule est empreinte d'une certaine rĂ©serve, mais souvent la dĂ©nonciation est beaucoup plus violente. Ainsi, dans son « Histoire de mes pensĂ©es », il Ă©crit : « J'allais ainsi contre le plus fort prĂ©jugĂ© des temps modernes ; et de toute façon je devais ĂȘtre jugĂ© sĂ©vĂšrement par tous les docteurs, du moment que je n'adorais pas Ă  quatre pattes l'inconscient, le subconscient
Si vous pensiez encore ĂȘtre totalement maĂźtre de vos actes ou de vos Ă©motions, il est temps pour vous de lire Freud, ou du moins, de comprendre sa notion d’inconscient. En effet, si l’on en croit l’hypothĂšse de Freud une pensĂ©e, un rĂȘve, un acte manquĂ©, un lapsus et mĂȘme une action ne surviennent jamais par hasard. Au contraire, ils traduisent toujours un conflit Ă  l’intĂ©rieur de nous. En d’autres termes, Freud affirme qu’une grande partie de ce qui se passe dans notre tĂȘte nous Ă©chappe complĂštement, car nous n’avons aucun contrĂŽle sur notre inconscient. La seule chose que nous pouvons faire, c’est tenter de comprendre nos conflits internes, et pour cela, la psychanalyse est l’unique outil dont nous disposons. Alors
 D’oĂč vient cette histoire d’inconscient, est-ce vraiment sĂ©rieux ? Comment ça se passe dans ma tĂȘte ? Comment se crĂ©ent mes pensĂ©es ? Et pourquoi je n’ai pas toute puissance sur moi-mĂȘme ? Commençons par un peu d’histoire
 DĂšs le XVIIe siĂšcle, la philosophie classique porte son attention sur la conscience et ses manifestations, Ă  savoir la pensĂ©e, la mĂ©moire, l’imagination
 Pour autant, mĂȘme si elle a pressenti qu’une partie de notre psychisme Ă©chappe Ă  la conscience, elle n’en a pas fait l’objet de son Ă©tude. Il faudra attendre le XXe siĂšcle pour que Freud nomme l’innommable, Ă  savoir ce mystĂšre qu’est l’inconscient. Mais qui est ce Freud ? Sigmund Freud Sigmund Freud 1846-1939 est nĂ© en RĂ©publique TchĂšque et arrive Ă  Vienne ville trĂšs culturelle Ă  l’époque Ă  l’ñge de 4 ans. Plus tard, il fait des Ă©tudes de mĂ©decine et s’intĂ©resse particuliĂšrement au systĂšme nerveux. En 1885, Freud voyage Ă  Paris pour suivre les cours du grand Professeur Charcot un neurologue et professeur d’anatomie pathologique, qui se consacre Ă  l’étude des maladies. Freud y dĂ©couvre l’hystĂ©rie et prend conscience de la rĂ©alitĂ© des maladies mentales parce que jusque lĂ , on ne s’en occupait pas trop trop. BouleversĂ© par tout cela et trĂšs influencĂ© par Charcot, il se lance dans la recherche avec comme postulat de travail tous les symptĂŽmes des patients ont un sens, qui doit ĂȘtre dĂ©cryptĂ© et expliquĂ©. Freud crĂ©e donc la psychanalyse, c’est-Ă -dire une investigation psychologique qui cherche Ă  dĂ©crypter toutes nos conduites inconscientes, dans le but d’apaiser les troubles de ses patients. J’ai dĂ©butĂ© mes activitĂ©s professionnelles dans l’intention de soulager mes patients. — Sigmund Freud Qu’est-ce qu’il dĂ©couvre ? Pour Freud, la conscience ne constitue pas la forme fondamentale du psychisme humain. Il pense au contraire que notre psychisme = l’ensemble des phĂ©nomĂšnes mentaux, c’est-Ă -dire nos pensĂ©es, nos Ă©motions, notre conscience
 est divisĂ© en trois parties le Moi », le Ça » et le Surmoi ». NOTICE 1 Le Ça » crĂ©e des dĂ©sirs immoraux 2 Ces dĂ©sirs viennent se heurter Ă  la censure du Surmoi » qui filtre les dĂ©sirs pas trĂšs acceptables 3 Le Moi » reçoit donc que des dĂ©sirs moralement acceptables Il y a donc un perpĂ©tuel combat entre le Moi » conscient et le Ça » inconscient qui correspond Ă  la lutte entre le principe de rĂ©alitĂ© = le moi qui cherche Ă  s’adapter Ă  la rĂ©alitĂ© et Ă  ses exigences et le principe de plaisir = l’inconscient cherche Ă  satisfaire ses pulsions sans tenir compte de la rĂ©alitĂ©. S’ajoute Ă  cela, le Surmoi » vient peser sur le Moi » pour renforcer la censure, dans le but de ne recevoir que des pensĂ©es acceptables. Ainsi, selon Freud, notre psychisme est essentiellement contrĂŽlĂ© par l’inconscient — mais on ne s’en rend pas compte, et cet inconscient n’est autre qu’un lieu de refoulement Ă  l’intĂ©rieur de notre petite tĂȘte. Un lieu de refoulement ? Selon Freud, l’inconscient contient de mauvaises reprĂ©sentations et des pulsions amorales que la censure = barrage sĂ©lectif en nous, engendrĂ© par la morale, l’éducation, les codes de la sociĂ©tĂ© maintient hors du systĂšme conscient. Le refoulement est donc l’opĂ©ration par laquelle le sujet repousse dans l’inconscient des reprĂ©sentations ou des pulsions qu’il juge indĂ©sirables et bien sĂ»r, cette opĂ©ration se fait mĂ©caniquement, sans que l’on s’en rende compte. Ainsi, notre inconscient devient le lieu oĂč nous refoulons toutes nos mauvaises pensĂ©es, nos pulsions les plus absurdes et honteuses. Mais pourquoi ces pulsions/reprĂ©sentations/pensĂ©es sont-elles si indĂ©sirables ? Car selon Freud, elles sont avant tout libidinales, et gĂ©nĂ©ralement amorales et asociales — c’est donc pour cela qu’on les cache au fond de nous. Et concrĂštement, comment ces pulsions se manifestent dans notre vie de tous les jours ? C’est lĂ  que ça devient intriguant. D’aprĂšs Freud, ces pulsions refoulĂ©es vont se dĂ©guiser afin de pouvoir franchir la censure car elles en ont marre d’ĂȘtre bloquĂ©es dans l’inconscient. Parmi ces dĂ©guisements, on trouve les actes manquĂ©s, les lapsus, les rĂȘves, les symptĂŽmes des maladies mentales
 Pour Freud, tous ces dĂ©guisements sont de vĂ©ritables actes. Il considĂšre qu’il n’y a pas de hasard. Ainsi ; nos rĂȘves, nos lapsus, nos actes manquĂ©s sont toujours porteurs d’un sens, qu’il faudra dĂ©crypter. Exemples de choses qui nous Ă©chappent Les rĂȘves refaire 25 fois le mĂȘme rĂȘve ou le mĂȘme cauchemar. Les actes manquĂ©s perdre ses clĂ©s, envoyer un sms au mauvais destinataire
 Les lapsus quand, en pleine conversation, vous remplacez un mot par un autre et que c’est gĂȘnant. Mais elle est vraiment sĂ©rieuse sa thĂ©orie de l’inconscient ? Le problĂšme avec l’inconscient, c’est qu’il ne peut jamais ĂȘtre connu directement on n’en saisit que des symptĂŽmes ou des manifestations dĂ©guisĂ©es les actes manquĂ©s, les lapsus, les rĂȘves, etc. Nous n’avons donc que des traces, des indices de l’inconscient, qu’il nous faut reconstituer et interprĂ©ter. Alors la question se pose la thĂ©orie de l’inconscient est-elle si lĂ©gitime que ça ? D’abord, contrairement Ă  tout ce que dit Freud, on peut penser que seule notre rĂ©alitĂ© psychique constitue notre conscience. Ainsi, on expliquera nos actes manquĂ©s par la fatigue, ou la distraction. MĂȘme chose pour les rĂȘves et les maladies mentales, on les interprĂ©tera par la physiologie = science qui Ă©tudie le fonctionnement et l’organisation mĂ©canique du corps. Cependant, on ne va pas se mentir il y a des choses qui nous Ă©chappent. Par exemple, nous sentons bien que nos rĂȘves ont souvent rapport avec notre vie, nos angoisses, nos problĂšmes
 Mais pourtant on ne sait pas expliquer ni pourquoi, ni comment. De mĂȘme, il nous arrive parfois de ressentir des forces en nous, qui nous semblent Ă©trangĂšres et qui pourtant nous contrĂŽlent vous savez, ce fameux c’est plus fort que moi » quand on assouvit un de nos dĂ©sirs. Le moi n’est pas maĂźtre en sa propre maison. — Sigmund Freud, Introduction Ă  la psychanalyse VoilĂ  pourquoi Freud pense que l’hypothĂšse de l’inconscient est absolument nĂ©cessaire l’inconscient permet d’expliquer des choses mystĂ©rieuses, en donnant du sens Ă  tous nos phĂ©nomĂšnes psychiques — mĂȘme si ses interprĂ©tations sont toujours essentiellement basĂ©es sur la sexualitĂ© du patient, Freud Ă©voque souvent une trop forte libido comme cause majeure aux souffrances de ses patients cf. le Complexe d’Oedipe. Alors on a commencĂ© Ă  critiquer l’inconscient freudien
 L’hypothĂšse freudienne a Ă©tĂ© soumise Ă  de virulentes critiques. D’abord, on reproche Ă  la psychanalyse de ne pas ĂȘtre une science selon le philosophe autrichien Karl Popper, la psychanalyse est une discipline bien trop souple, car elle ne propose que des interprĂ©tations et ne fait l’objet d’aucune expĂ©rimentation. Ensuite, l’idĂ©e d’inconscient a suscitĂ© de nombreuses critiques du point de vue moral. Pour le philosophe Alain, il est assez clair que cette hypothĂšse remet en cause la libertĂ©, la moralitĂ© et la responsabilitĂ© humaine. Cela signifie que l’inconscient nous condamne Ă  ne plus ĂȘtre maĂźtre de nous-mĂȘme, Ă  n’ĂȘtre que de pauvres hommes irresponsables qui seraient victimes de nos pulsions incontrĂŽlables. Pour Alain, c’est impossible car l’homme est avant tout un ĂȘtre moral et responsable de ses actes. Croire en l’inconscient revient alors Ă  dĂ©responsabiliser l’homme. Et puis il y a Sartre, qui sans pincettes, vient totalement dĂ©truire la thĂ©orie de Freud. Il s’y attaque Ă  partir de la notion de censure et s’interroge comment peut-on censurer ou refouler quelque chose en nous que l’on ne connaĂźt pas ? » Il considĂšre alors la censure comme une contradiction, et l’inconscient comme une mauvaise foi », car pour refouler quelque chose, il faut avoir conscience de cette chose. Pour finir
 MĂȘme si Freud n’est pas Ă  proprement parler un philosophe, en crĂ©ant la psychanalyse et sa thĂ©orie de l’inconscient, il bouleverse la pensĂ©e de l’époque et creuse lĂ  oĂč la philosophie n’était pas allĂ©e. Et c’est en cela que sa thĂ©orie intĂ©resse les philosophes, car elle offre un nouveau regard sur le fonctionnement psychique de l’ĂȘtre humain. Si le sujet vous intĂ©resse davantage, n’hĂ©sitez pas Ă  lire les quelque 500 pages de son Introduction Ă  la psychanalyse, qui vous en diront plus sur l’interprĂ©tation des rĂȘves, des actes manquĂ©s et tout ce qui nous Ă©chappe

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l inconscient n est il qu une conscience obscurcie